Introduction

Le Reiki1 est à la mode depuis les années 90 et depuis le début du siècle et se développe à grande vitesse dans tous les milieux. Or notre expérience thérapeutique nous montre qu’il s’agit d’un des majeurs et constants lieux d’infestation spirituelle2. Ce danger spirituel est largement ignoré et sous-estimé, ce pourquoi il nous a semblé utile de transmettre notre vécu à son égard et notre réflexion sur ce phénomène de société, afin surtout de mettre en garde contre son utilisation.

D’où nous parlons

Le Centre Takiwasi que je dirige depuis 24 ans reçoit de nombreuses personnes en quête de guérison ou de ce qu’il est convenu de nommer maintenant « d’évolution personnelle ». En dehors d’une population de patients toxicomanes traités en résidence longue, des demandeurs de soin sans problématique addictive majeure3, effectuent des séjours courts pour bénéficier un processus incluant le recours aux médecines traditionnelles amazoniennes, en particulier avec l’usage de plantes médicinales, articulé avec une approche psychothérapeutique.

Dans cette dernière population très diversifiée, de nombreuses personnes ont eu recours au Reiki, s’y sont initiées ou même sont devenus « maîtres de Reiki ». Notre observation clinique, lors des séances thérapeutiques ritualisées, nous a mis en présence constamment de la présence d’entités spirituelles maléfiques investissant peu ou prou ces personnes. Les manifestations de ces entités dans la vie quotidienne de ces personnes passent inaperçues et les problématiques qu’elles génèrent ne sont généralement pas identifiées ou les liens ne sont pas établis entre des troubles divers et cette contamination spirituelle. Ces troubles peuvent aller de problèmes économiques et de travail, en passant par la discorde dans la famille, une suite de « malchances », tout cela de façon progressive mais ininterrompue et jusqu’à se terminer dans des pathologies physiques et psychiques.

Nos pratiques s’appuient aussi sur l’induction contrôlée d’états modifiés de la conscience par l’usage ritualisé de plantes psychoactives. Ces procédés, très précis et rigoureux, permettent de mettre en évidence le « statut énergétique » du patient et détecter éventuellement des infestations spirituelles. De son côté, le patient peut visualiser ce qui se joue en lui et prendre conscience de la qualité des ouvertures dites spirituelles auxquelles il s’est ouvert au cours de son existence.4

Invitant une psychologue qui ressentait une grande fatigue et pratiquait le Reiki, à explorer, lors d’une séance thérapeutique, ce qui se jouait en arrière-plan de sa pratique, elle rapporte en larmes, le lendemain, qu’elle avait cru mourir pendant la session, qu’elle avait « vu clairement que l’origine du Reiki n’était pas bonne, que le moine japonais qui l’a créé était guidé par son ego et qu’elle pouvait en mourir ». Elle a vomi toute la journée, des « quantités de saleté énergétique ».

Nous recevons régulièrement des courriers comme celui-ci :
« J'ai fait du Reiki avec des gens douteux il y a 12 ans : depuis des années j'entends des voix et je sais que mon problème est spirituel. Des voix m’agressent et d'autres me protègent, mais j'ai besoin d'avoir la paix car depuis 12 ans je perds tous mes postes de travails alors que j'adore mon métier. Il faut que je trouve une solution définitive pour avoir la paix et me stabiliser. »

A l’intérieur des séances de soins, ces personnes censées canaliser des énergies se révèlent paradoxalement appauvries sur le plan énergétique, avec un fond d’épuisement et des éléments psychiques de confusion. Chez les maîtres de Reiki qui pratiquent intensément cette activité, les troubles « énergétiques » finissent par se somatiser sur le moyen et long terme, et produire des pathologies extrêmement graves. Nous avons ainsi observé chez ces « maîtres » surtout des cas de cancer5, mais aussi tuberculose, insuffisance rénale, syndrome des jambes sans repos… Dans un cas précis, dans un cabinet de Reiki situé en France, des 5 thérapeutes exerçant, 4 avaient des maladies graves !

La rapidité d’accès au statut de praticien de Reiki (en 2-3 week-ends) et ensuite de Maître de Reiki (quelques week-ends supplémentaires) m’a fortement interpellée quand on sait le long parcours de formation que requiert toute maîtrise d’une pratique thérapeutique efficace, que ce soit en médecine conventionnelle occidentale, en médecines traditionnelles non-occidentales, en soins physiques et plus encore en soins psychiques quelles que soient les écoles ou courants : de la psychiatrie en passant par la psychanalyse et les différentes formes de psychothérapie, ainsi que pour les pratiques dites « chamaniques » des peuples autochtones.

Par ailleurs, dans tous ces courants ou écoles, occidentaux ou pas, l’accès à la pratique de soins n’est jamais universelle mais prend en compte des aptitudes différentes, des personnes douées naturellement et d’autres pas, des capacités variables selon les sujets. Le Reiki prétend au contraire à une accessibilité indifférenciée et universelle : tout le monde, sans distinction, peut faire du Reiki de façon efficace puisque cette opérativité ne s’appuierait pas sur une aptitude spécifique, un long apprentissage ou la maîtrise de techniques, encore moins d’un « travail sur soi », mais simplement d’une « bonne volonté » qui suffirait à transmettre une « énergie » située au-delà du sujet et disponible à tout-un-chacun et qu’il se contenterait de transmettre de façon neutre et passive.

Cette extraordinaire et unique rapidité et accessibilité du Reiki représente à la fois une énorme séduction qui semble largement contribuer à son succès aussi bien qu’elle suscite une extrême réserve et suspicion sur ce qui peut se jouer en arrière-plan de ces pratiques.

Nous proposons ainsi de partir de notre observation clinique sur la base de la pratique du Reiki telle qu’elle se présente aux occidentaux à notre époque et s’est présentée à nous à travers des pratiquants et maîtres de Reiki nous visitant. Nous ne prétendons aucunement être un spécialiste du Reiki et nous renvoyons pour plus de détails et connaissance sur l’histoire du Reiki, ses fondements, ses origines, sa diversification en Occident, à l’ouvrage en trois tomes de Pascal Treffainguy qu’il présente lui-même comme une espèce de « Codex du Reiki »6. Comme il le spécifie, il n’existe pas « le » Reiki mais de nombreuses formes générées à partir de la proposition de son fondateur, le japonais Mikao Usui.

La canalisation des énergies

Le Reiki fait partie des techniques dites de canalisation (channeling) où l’intervenant est supposé se contacter avec des « énergies supérieures » qui opèreraient à travers son corps pour investir le patient et harmoniser ses énergies et de ce fait rétablir la santé. Il s’offre en quelque sorte comme canal énergétique, supposé neutre et ouvert, appelant une énergie impersonnelle, énergie vitale ou « ki » (qi, chi), pour « recharger » le corps énergétique du souffrant. N’étant que « canal », l’intervenant est supposé ne subir aucune conséquence de ce transfert. Sa générosité et sa bonne volonté sont censées le protéger de tout effet adverse.

Cette approche souffre de plusieurs défauts et se base sur des présupposés assumés comme naturels :

  • Il suffirait d’avoir de bonnes intentions pour être protégé de toute conséquence négative.
  • Le contact avec le monde spirituel serait commandé par ces bonnes intentions qui permettraient de se relier automatiquement avec des instances spirituelles bénéfiques.
  • La neutralité du canal instaurerait pour celui-ci une immunité à tout trouble possible.
  • Les échanges énergétiques iraient automatiquement du haut vers le bas, du monde spirituel vers le corps du patient.
  • Tout être humain est doté de ce pouvoir de guérison qu’il suffirait d’activer.
  • Ce don universel de la guérison permet d’accéder très rapidement à son exercice efficient vu qu’il s’agirait d’une fonction naturelle.
  • Cette technique permet finalement de s’auto-guérir sans dépendre d’autres personnes ou médecines.

Ces axiomes contredisent toutes les pratiques de soin ancestrales et l’expérience millénaire des processus de libération spirituelle, en effet :

  • Les bonnes intentions, certes nécessaires, ne sont jamais suffisantes et doivent s’accompagner de la connaissance, du savoir, des techniques appropriées.
  • L’ouverture au monde intermédiaire, celui des esprits, expose à l’investissement par des entités maléfiques où les bonnes intentions ne préservent pas de ces contaminations. Cette ouverture doit être ritualisée correctement pour prévenir ces infestations spirituelles et protéger à la fois thérapeute et patient.
  • Utiliser son propre corps énergétique fait partie du travail du guérisseur mais celui-ci doit le nettoyer et le purifier constamment afin de se libérer des « déchets » énergétiques de son travail ; la pureté absolue n’étant jamais acquise, le thérapeute se « salit » peu ou prou au cours de son intervention.
  • Lors de ses interventions, le thérapeute est exposé à ce que des charges énergétiques, donc des entités habitant son patient, l’investissent et le contaminent.
  • Le pouvoir de guérison est un charisme possible mais pas universel, de même que tout le monde ne possède pas le génie des mathématiques, de la musique ou le don des langues.
  • Ce don ou charisme demande à être travaillé, affiné, exercé, au cours d’un long apprentissage parsemé d’épreuves et de difficultés.
  • La guérison spirituelle suppose des médiations et/ou des médiateurs et la référence au divin. Dans l’auto-guérison, on prétend se passer de toute médiation et le divin est exclus ou secondarisé.

Le pouvoir et la protection rituels

Les adeptes du Reiki se réclament alors de leur initiation rituelle qui les protègerait et leur confèrerait ce pouvoir de guérison.

L’initiation rituelle7 est censée intégrer l’aspirant dans l’égrégore du Reiki. L’égrégore conforme une espèce d’entité psycho-spirituelle placée sous la tutelle d’une instance spirituelle supérieure. Il est donc essentiel de savoir quel être préside à la conformation de l’égrégore et auquel le candidat-thérapeute va volontairement s’assujettir. Or, dans notre expérience aucun initié au Reiki n’a été capable de nous donner le nom de cet être spirituel, ni même les maîtres de Reiki que nous avons rencontrés8. Ils évoquent des entités vagues (l’amour universel, la puissance cosmique, l’énergie christique9, énergie du vide, énergie primordiale, énergie vitale, etc.) ou encore des formes symboliques affublés des mêmes désignations floues et peu précises10.

Or les êtres spirituels sont définis par leur nom et tant que ce nom n’est pas donné clairement, rien ne permet de savoir qui sont-ils véritablement11

Lors des cours d’initiation est proposée une chimère spirituelle faite d’un mélange de traditions spirituelles orientalistes agencées et révisés à la mode occidentale. L’initiation inclut la mémorisation de symboles japonais et de noms japonais à invoquer pour « convoquer l’énergie curatrice »12. A la suite de ces procédés, le pratiquant commence à sentir une « énergie électrique » dans les mains, preuve de l’acquisition du pouvoir de guérison. Cette première phase peut s’effectuer en une ou deux fins de semaine.

L’initiation totale comporte 4 niveaux à la suite de laquelle le maître de Reiki possèderait des dons surnaturels comme deviner des choses cachées, prédire des catastrophes naturelles, comprendre des langues mortes, voir les esprits, etc. Ce qui au premier abord était présenté comme des « énergies de guérison » impersonnelles se révèlent être à la fin du parcours des entités spirituelles, certains disant être affiliés à un « être invisible ou ange de lumière » qui les guide sur le chemin spirituel et leur fournit des informations occultes.

Pour retrouver l’être spirituel présidant aux activités du Reiki, on peut tenter de se reporter dans la hiérarchie de cet égrégore à son fondateur et au lien qu’il aurait lui-même établi et désigné nommément. Cependant, la biographie de son fondateur, Mikao Usui, varie d’un écrit à l’autre et il semble que le Reiki contemporain moderne se soit largement éloigné de ses origines japonaises. La référence biographique la plus sûre semble être le texte de sa stèle funéraire13. Les sources de Mikao Usui résident « dans le Bouddhisme originel et ses écoles ultérieures, le Shintô du Japon et le Taoïsme de Chine. Ces trois traditions constituent, en effet, l’arrière-plan intellectuel, cultuel et culturel de l’époque de Mikao Usui »14 Le nom de cet être spirituel auquel il fait allégeance n’est jamais désigné clairement. Le Reiki aurait surgi au Japon vers la fin du XIXe siècle alors que Mikao Usui étudiait les textes bouddhistes et serait directement en lien avec une expérience d’illumination de son fondateur lors d’un jeûne de 21 jours réalisé au Mont Kurama en 1922. L’édifice du Reiki repose donc sur une expérience personnelle de son fondateur lors d’un vécu mystique ou de transe. La diffusion de cet apprentissage se fera ensuite par transmission rituelle de maître à élève, à travers des rituels initiatiques.

Cependant, Pascal Treffainguy, conclue son étude du Reik en la résumant d’une formule concise : « Le Reiki obéit à une logique pseudo-initiatique, demande une plongée dans les marais de la pensée déviante, dont on ne sort pas indemne ». En d’autres termes, l’initiation au Reiki est une opération efficace, comme tout rituel, ou l’impétrant fait allégeance à un être dont il ignore la nature et les attributs. Ce qui équivaut à dire que l’initié accepte de se mettre volontairement sous emprise d’une ou plusieurs entités possiblement maléfiques. Rien de moins.

Et pourtant ça marche…

La conviction des candidats est généralement emportée par le fait qu’à la suite d’un apprentissage extrêmement rapide et le premier pas initiatique, l’imposition des mains sur un patient montre des résultats bénéfiques immédiats. Face à cet aspect expérimental direct, les questionnements éventuels sur l’innocuité de ces pratiques tendent immédiatement à s’évanouir.

La première phase est faite de sensation de bien-être à court-terme qui sert d’appât.

Ce piège est cependant connu par toutes les traditions spirituelles et de guérissage: le monde démoniaque procède par la séduction. La première séduction est celle du pouvoir. La carotte fait avancer l’âne. L’immédiateté des résultats n’exonère pas de constater les effets à long terme qui sont la véritable mesure de l’efficacité. Or sur le plan clinique, comme nous l’avons dit au début, les maîtres de Reiki montrent des signes pathologiques extrêmement graves. Les autres initiés montrent systématiquement un degré d’infestation spirituelle dans les séances thérapeutiques que nous menons. Leur état énergétique déficitaire signale une vampirisation permanente de leur corps énergétique, caractéristique d’un égrégore infesté. Dit de manière plus prosaïque, ils se font « pomper », aussi bien par les entités du monde spirituel qu’éventuellement inconsciemment par les personnes qui les initient et les patients qu’ils soignent.

Les agents démoniaques sont « malins » par définition comme le signale leur qualificatif habituel. Ils possèdent les attributs nécessaires pour effectuer guérison et prodiges afin de mieux engager leurs victimes sur des fausses pistes. Les capacités médiumniques suscitées par le Reiki permettent d’influencer l’inconscient d’autres personnes, les situations et même les animaux et la matière. Céder un « bien » pour un mal majeur fait partie de leur stratégie classique. L’ignorance et l’ingénuité du monde moderne désacralisé facilite cette tâche de faux-monnayeur.

Le Reiki semble répondre à ce besoin puissant « d’aider les autres », ce qui constitue un véritable appel de l’âme humaine. Les forces démoniaques ne peuvent agir initialement sans s’appuyer sur ce cri de la nature humaine qui appelle à l’amour, au souci de l’autre. Elles le manipulent donc pour le dévoyer progressivement dans une caresse narcissique d’autosatisfaction pour la bonté dont on fait preuve. L’amour de l’autre se métamorphose en inflation de l’ego. On commence par vouloir servir l’autre et on finit par servir ses propres besoins égotiques, son image, son amour-propre.

Les sensations énergétiques dans les mains sont prises sans autre précaution comme une force guérisseuse et jamais interprétées comme un signe d’infestation par une entité démoniaque dont l’existence est niée par la modernité. Ces perceptions associées aux effets évidents chez le récepteur de soins, répond d’autre part au besoin d’une relation sensible au monde spirituel.

La rapidité des possibilités d’intervention à la suite de l’initiation au Reiki, répond enfin à l’empressement du monde occidental. On veut tout et tout de suite : le Reiki y satisfait pleinement. La séduction est donc multiple..

La fascination induite par ces critères d’efficacité immédiate, de simplicité d’usage, de vitesse d’apprentissage et d’utilisation, et de valorisation personnelle, constitue le principal facteur de diffusion de cette technique. Le bouche à oreille agit comme un moyen de démultiplication exponentielle des patients qui deviennent vite adeptes puis prosélytes. Une maîtresse de Reiki nous avouait avoir initié entre 300 et 400 personnes dans son cabinet…qui sont autant de porteurs de cette « bonne nouvelle » de la guérison « fast » (après le fast-food alimentaire et le fast-trip des drogues).

Le Reiki semble répondre à ce besoin puissant « d’aider les autres », ce qui constitue un véritable appel de l’âme humaine.

Malgré son absence de support scientifique, des hôpitaux et cliniques, animés par ces mêmes soucis de la modernité, ont adopté cette technique induisant une consommation réduite d’analgésiques et une diminution de l’anxiété15. Les résultats surprennent non seulement les patients mais le personnel médical étonné par cette « discipline d’origine japonaise qui ne nécessite que les mains pour soulager ». On oublie évidemment de remarquer que l’imposition efficace des mains requiert un préalable rituel initiatique alors même que la dimension spirituelle est évoquée comme par exemple dans les affirmations du Dr. Teresa Franco, médecin anesthésiste et experte en Douleur et Soins Intensifs Palliatifs, coordinatrice du Centre de la Douleur de l’Hôpital Tornu : « Ce centre sur la douleur est multidisciplinaire, c’est-à-dire, que nous essayons d’aborder la douleur de manière intégrale, depuis le physique, l’émotionnel et le spirituel ». Elle ajoute “Ce que nous constatons est moins de plainte de douleur, une augmentation de l’espérance en relation à la chronicité des maladies et la satisfaction quant à la qualité des soins et la création d’un service de Reiki à l’intérieur de l’hôpital ». De nouveau, l’appréciation subjective prévaut dans cette observation de la « sensation de bien-être et équilibre, physique, mental et spirituel ». On se demande évidemment comment le Dr. Franco, elle-même initiée et auto-pratiquante, évalue le « bien-être spirituel ». De la même façon, le personnel initié au Reiki « sent que ses consultations sont plus efficaces » et affirme n’avoir observé « aucun effet adverse » sans qu’il soit précisé les procédés d’évaluation scientifique et encore moins spirituels, en particulier sur le long terme.

Selon Victor Fernandez Casanova, maître de Reiki et président de la Fédération Européenne de Reiki professionnel, « le Reiki est implanté dans 12 hôpitaux et 14 centres de santé à Madrid et plus de 3000 professionnels ont été formés [ìnitiés] au Reiki ». Selon cette même revue, le Reiki est une des thérapies complémentaires les plus utilisées dans les hôpitaux aux Etats-Unis et se trouve disponible à travers la Sécurité Sociale britannique et allemande et diverses mutuelles de santé en Suisse et en Espagne.

Des études scientifiques de plus en plus nombreuses tentent d’évaluer les bénéfices du Reiki16 et des tentatives d’explication scientifiques sont proposées introduisant par exemple la théorie des fractales ou des phénomènes de résonnance électromagnétique comme la résonnance Schumann. Ces essais explicatifs renvoient vite à la conception de l’origine du monde et la définition de la nature humaine et donc à une cosmovision particulière et des questionnements métaphysiques qui demanderaient une approche théologique. En effet, si l’analyse scientifique permet d’approfondir le « comment ça fonctionne », elle ne peut prétendre rendre compte du « pourquoi cela fonctionne de cette manière plutôt qu’une autre ». Ces études rendent compte d’ailleurs d’une « transe initiatique » et signalent des différences notables entre des groupes traités par le Reiki et d’autres traités par un « Reiki-placebo » ou « faux Reiki ». Cette observation confirme que le rituel conditionne les effets observés alors même que cette dimension rituelle est passée sous silence et le Reiki présenté innocemment : « Il ne constitue pas un système de croyances religieuses, le Reiki est tout simplement un soin relaxant alors que les vibrations naturelles de guérison ».

Cette approche scientifique qui ignore les dangers spirituels risque inconsciemment de se mettre au service de forces spirituelles de destruction et dissolution. Pascal Treffainguy le formule de manière éloquente : « Les influences que la science se met en quête de rendre observables pourraient donc être toutes sortes de charognards et de nécrophages du domaine subtil. Les phénomènes de « conversation avec l’au-delà » au moyen de magnétophones et autres appareils technologiques pourraient ouvrir des brèches dans le réel, ouvrant sur des dimensions subtiles particulièrement malsaines. Et ceci vaut généralement des pratiques psychanalytiques et de réveil des « mémoires karmiques ».17

Le contexte du New Age

Le “New Age” répond à au besoin, légitime sans aucun doute, de donner un sens à l'existence face à la désacralisation accélérée de la société actuelle. Mais ce mouvement nous paraît promettre bien plus qu'il ne peut offrir en réalité, dans la mesure où il conserve, à la racine, et sous des apparences trompeuses, les axiomes de la société qu'il prétend refuser et critiquer, et reprend à son compte d'importantes erreurs conceptuelles et philosophiques dont l'histoire de la société occidentale nous a pourtant déjà montré l'inanité.

Cette société est née de la tradition judéo-gréco-chrétienne, et le New Age s'est édifié en opposition à cette tradition, dans un processus similaire à celui des individus qui se réorientent vers les spiritualités alternatives, autochtones, chamaniques et animistes. Le Reiki fait partie de ces propositions qui gardent quelque chose de l’humanisme chrétien mais suffisamment coloré d’exotisme, japonais en l’occurrence, pour paraître déchristianisé, et supposée tenir d’une ligne ancestrale qui lui donnerait sa légitimité et surtout ne renverrait aucunement aux héritages chrétiens. La plupart des pratiquants du Reiki sont issus du monde occidental et s'inscrivent dans cette dynamique. Le concept « d’énergie », aux connotations scientifiques, permet de considérer cet univers sans avoir à lui attribuer ou reconnaître aucune dimension proprement religieuse. Dans cette perspective en effet, le substantif « spirituel » est censé s’opposer à celui de « religieux », principalement référencé à l’Eglise catholique, objet principal de rejet.

Si le Jésus bienveillant et aimant est facilement adopté par ces courants spiritualistes, le Jésus crucifié, sanglant, ne suscite guère d’enthousiasme. Jésus sans la Croix. Les « énergies christiques » séduisent mais pas sa Parole exigeante. Comme le fait remarquer le P. Luis Santamaría del Río, « Ses main guérissent, avant tout, traversées par les clous, ouvertes dans l’offre définitive par amour ». Et il raille cet abord sucré de l’Evangile : « Où on lit une liste de règles de conduite inspirées du Christ et extraites, avec plus ou moins de bonheur, des évangiles. Parce qu’il existe des paroles littérales du Maître et d’autres « supposées » ou directement inventées pour alimenter les beaux discours sur la spiritualité de Jésus. Finalement, ne croyez pas que le résumé serait quelque chose comme « une seule chose te manque, donne ton argent aux pauvres et ensuite viens et suis-moi ». Non rien de tout cela. Le résumé de ces nouveaux commandements emplis de bonté est le suivant, et ne requiert pas davantage de commentaire : « Par-dessus et avant tout, vis et vole avec les ailes de l’amour, de la compréhension, et de la tendresse du coeur du Christ, avec tout le monde ». Amen. »18

Où la tradition réclamait un long processus d'apprentissage, on prétend désormais avoir suffisamment appris au bout de quelques mois, voire de quelques semaines; où l'on posait la nécessité de s'inscrire dans une filiation, on tranche allègrement avec ses racines (judéo-gréco-chrétiennes en l’occurrence), la foi est exclue au titre de la liberté, et la raison prohibée au titre de la mentalisation excessive; où l'on recommandait la référence à une tradition structurée on préfère l'autoréférence (“le maître est intérieur”) ; à la mise en garde contre un contact trop précipité avec le monde-autre, et notamment avec ses strates intermédiaires, où circulent aussi des entités malignes, on substitue la vision idéalisée d'un monde spirituel vide de toute adversité; à l'importance de la médiation des Anciens et des Maîtres, on substitue l'autonomie individuelle et l'accès direct à la divinité; à l'existence de lois immuables et implacables, physiques, psycho-affectives et spirituelles, on préfère désormais substituer l'affirmation que les seules lois valables sont celles que l'on se donne; à la Vérité intangible, le droit inaliénable de chacun à trouver sa vérité propre; à la nécessité de la souffrance, le loisir d'un apprentissage tout de douceur; à l'intention purifiée, le simple désir “de se mettre au service”; à la rigueur dans le maniement des symboles et rituels, l'improvisation, l'inspiration du moment, et le sens de l'esthétique; finie, l'idée que la bonté est dangereuse lorsqu'elle n'est pas éclairée par la connaissance; jeté au rancart le vieux proverbe selon lequel l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Le Reiki a pris diverses formes et chaque maître spirituel peut y associer ses propres « aides spirituelles » (c’est-à-dire entités démoniaques auxquelles il est affilié). C’est ainsi qu’on parle d’un Reiki de Osho, Reiki de Bagwan, Reiki de Saibaba, Reiki de Yoga, de Karuna, de Harbori, de Rainbow-reiki…, etc. Les chimères syncrétiques propres au New Age prennent mille et une formes.

S’il fallait convaincre davantage que le Reiki est un excellent lieu d’infestation spirituelle, une des meilleures démonstrations a posteriori est constituée par les difficultés de ceux qui essayent d’y renoncer et de rompre les liens invisibles établis19. Ils subissent des troubles très divers au niveau de leur travail, des finances et biens matériels, des liens familiaux ou amoureux, de la vie sexuelle, de leur santé physique et psychique et toute une série possible d’infortunes. Ces troubles sont d’autant plus forts que la personne est élevée dans la hiérarchie initiatique et que la durée de ses liens sont anciens. Selon le dicton, « le diable n’a pas d’amis mais que des esclaves » et la rébellion à son égard engage à subir quelques contrecoups.

Reiki et Christianisme

Un certain nombre de chrétiens, y inclus des religieux20, trouvent dans le Reiki une pratique qui répond à une part de leur attentes. Car si Jésus est appelé « Christus medicus » par les Pères de l’Eglise, les théologiens des premiers siècles du christianisme, de fait, l’Eglise contemporaine a relégué la dimension de la guérison aux oubliettes. Le salut a pris le pas sur la guérison, comme si l’un excluait l’autre. Il nous semble au contraire, comme le montre Jésus dans les Evangiles, que la guérison précède et conduit au salut. Le rituel d’onction des malades est distribué avec parcimonie et est souvent assimilé au viatique pré-mortem, l’onction des mourants. L’Eglise semble avoir oublié ce qui n’est pas moins qu’un signe de reconnaissance des croyants, défini par Jésus : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris ». (Marc !6 : 17-18).

Foi et ayahuasca - Takiwasi

La quête d’un christianisme qui reprenne en compte cette dimension de la guérison, centrale dans les Evangiles, a pu conduire des chrétiens à retrouver dans les apparences du Reiki quelque chose de similaire à l’action du Christ, la guérison n’étant pas réservée aux clercs. L’imposition des mains est en effet un geste commun, associé à un appel vers le monde spirituel21. Mais là s’arrête la comparaison.

En effet, l’initiation chrétienne (baptême, eucharistie, confirmation) ne demande pas d’autre pouvoir que celui du Christ et de l’Esprit-Saint. Et c’est au seul nom de Jésus que le chrétien soigne et guérit et non pas à l’appel d’entités non identifiées comme l’impose le rituel initiatique du Reiki : dans la citation précédente de Marc c’est bien au nom de Jésus que le soin opère et par ce même Nom que les démons (dont l’existence est confirmée) sont chassés.

Les évêques des Etats-Unis, amenés à se prononcer sur le Reiki face à sa diffusion extraordinaire dans leur pays, dans un document intitulé « Lignes directrices pour l'évaluation du Reiki en tant que thérapie alternative » (25.3.2009)22 spécifient clairement « la différence radicale, qui saute aux yeux, tient au fait que, pour le praticien Reiki, le pouvoir de guérison est mis à la disposition de l'homme ». Alors que, selon eux, « pour les chrétiens, l'accès à la guérison divine se fait par la prière au Christ, Seigneur et Sauveur ». Le Reiki entre donc dans la catégorie des superstitions entendues comme « une déviation du sentiment religieux et des pratiques qu'il impose, [qui] affecte par là même le culte rendu au vrai Dieu ». En conclusion de quoi, « il serait inapproprié pour les institutions catholiques, tels que les établissements médicaux et centres de retraite, ou pour les personnes représentant l'Eglise, comme les aumôniers catholiques, de promouvoir ou de soutenir la thérapie du Reiki ».

Si nous adhérons aux conclusions de ce document du Magistère, nous regrettons cependant que les évêques aient cru nécessaire de se référer non seulement aux arguments théologiques de leur compétence, mais aussi à l’état de la science contemporaine. En effet, ils signalent que le Reiki « ne s'appuie en aucun cas sur les découvertes de la science naturelle. (…) Des études scientifiques dignes de foi attestant l'efficacité du Reiki font défaut, de même qu'une explication scientifique plausible quant à son éventuelle efficacité ». Or il est probable que des études scientifiques puissent démontrer une certaine efficacité du Reiki, au moins à court terme, ce qui n’altèrerait en rien les préventions religieuses qu’ils signalent justement. Les puissances démoniaques possèdent leur degré d’efficacité, même sur la matière, faute de quoi, elles n’auraient aucun pouvoir de séduction. D’autre part, les réticences de la communauté scientifique face à la dimension « énergétique » relèvent davantage d’un parti-pris idéologique que d’une posture rationnelle. De fait, le « corps énergétique » peut d’ores et déjà être visualisé par des techniques spécifiques comme celles développées par des chercheurs russes comme Kirlian ou le physicien russe Korotkov inventeur du GDV qui permet de visualiser et mesurer le champ électromagnétique humain. La science ne peut prétendre « dire le vrai » mais seulement « ce qu’elle ne considère pas comme faux à date d’aujourd’hui »… en sachant pertinemment que l’évolution des découvertes scientifiques annule, corrige ou complète aujourd’hui ce qui hier était considéré comme « vrai » (non-faux plus exactement). Le principe même des postulats de la science contemporaine contient ses propres limitations et en les dépassant, autant les scientifiques que les religieux commettent une faute épistémologique. Ce que l’on peut qualifier comme abus de pouvoir, fournit des arguments aux adversaires de la foi et prend le risque de se voir contredire par de nouveaux apports scientifiques.

La découverte d’une physiologie énergétique (méridiens d’acupuncture, chakras, etc.) ne devrait effrayer en rien l’Eglise, n’affectant d’aucune manière le contenu essentiel de la foi. Il serait dommage de voir se réitérer les effrois de l’Eglise face à la découverte de la circulation sanguine en 1628 par Harvey, caricaturé et considéré alors comme un charlatan. Circulation sanguine et circulation énergétique ne posent pas davantage de problèmes.

Nous avons noté auparavant comment le Reiki répond apparemment au besoin d’une relation sensible au monde spirituel. La vie spirituelle a besoin de nourriture mystique et ne saurait s’accommoder que d‘un pieux humanisme ou de doctrine religieuse, même si cette dernière est de la plus grande orthodoxie. La tendance à l’intellectualisation et l’abord conceptuel de la foi ne satisfait par la nécessité d’un vécu direct et sensible, qui touche aussi le coeur et le corps. La tendance de l’Eglise à réserver la dimension mystique à des êtres exceptionnels et à manifester une méfiance systématique à tout vécu de cette nature, prive les âmes de cette nourriture essentielle. Nous avons déjà défendu ailleurs la cause d’une « démocratisation » de la mystique, pour le dire d’une certaine façon. S’il est vrai que la vie chrétienne ne consiste pas à être en extase permanente ou dans un état constant de béatitude, il n’en n’est pas moins vrai qu’une relation d’amour ou « l’Autre » semble absent et son contact présenté même comme suspect et dangereux, n’est pas de nature engageante. Dans la mesure où l’Eglise, dans une prudence nécessaire mais excessive, au lieu de faire obstacle à ces vécus les favorisait dans un contexte certes adéquat (retraites, prières, jeûnes…), bien des personnes n’iraient pas « voir ailleurs ». Avant d’adhérer à une doctrine, suivre un catéchisme, l’être humain a besoin d’une rencontre authentique avec Jésus ou ses envoyés. A partir de cette rencontre qui amourache, tout le reste prend sens et devient acceptable. Les élans du Renouveau charismatique ou de groupes comme le Mouvement Focolarini, de même que le succès des retraites en monastère et des Exercices de St Ignace, semblent aller en ce sens.

D’une façon générale, les diverses pratiques de médecine alternative proposées aujourd’hui ne présentent une difficulté spirituelle que dans la mesure où elles comportent une dimension rituelle. En effet, la mise en place d’un rituel induit de fait une ouverture et de possibles lien avec le monde intermédiaire qui doivent alors être examiné de près et à la lumière de la foi et de la doctrine de l’Eglise. Ce manque de discernement tend à créer de malheureux amalgames et conduire à la condamnation indistincte23 et éventuellement erronée de toute pratique thérapeutique alternative, non conventionnelle, qui s’écarterait des patrons dictés par la science officielle. On peut très bien pratiquer le yoga ou la méditation comme disciplines psychophysiques sans connotation spirituelle particulière, autre chose est de s'associer à une pratique du yoga reliée par des formes rituelles qui demandent alors examen et discernement spirituels. Dans de nombreux articles et livres, des religieux et exorcistes condamnent abusivement à ce titre toute discipline non occidentale, depuis les arts martiaux jusqu’aux médecines traditionnelles autochtones. Ce rejet massif et indiscriminé est inaudible par les contemporains qui connaissent et pratiquent ces disciplines et méthodes, et de plus constitue un abus de pouvoir dans la mesure où le travail de discernement au cas par cas n’est pas effectué. Une chose est une saine et nécessaire mise en garde contre les dangers spirituels possibles de ces pratiques lorsqu’elles cachent des liens spirituels toxiques, autre chose leur exclusion systématique et sans analyse préalable des conditions dans lesquelles elles sont exercées.

Il me semble qu’on peut renvoyer dos à dos ces postures à l’emporte-pièce de représentants chrétiens et celles de représentants du New Age assumant ingénument et d’emblée l’innocuité de ces pratiques. Dans les deux cas, le manque d’analyse et de discernement porte préjudice à une évaluation sérieuse et raisonnée des leurs bénéfices et inconvénients.

Face aux argumentations New Age du « Reiki christique», Saint Paul nous rappelle également à l’ordre : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité… » (Col 2, 8-9).

La contradiction est donc, on ne peut plus, flagrante à cet endroit. L’analphabétisme religieux associé à l’hégémonie du rationalisme sert de terroir à ces errances. L’affirmation synthétique du capucin Thomas G. Weinandy, secrétaire général de la Conférence épiscopale des Etats-Unis, nous semble bien résumer cette impasse : « Si vous essayez de faire du Reiki quelque chose d'authentiquement chrétien, ce n'est plus du Reiki ; et si vous voulez garder le Reiki authentique, ce n'est pas compatible avec le christianisme »24

Le Reiki dans ses différentes versions inclue des notions contraires à la doctrine chrétienne. Par exemple des concepts panthéistes25 selon lesquels l’être humain serait une simple « émanation énergétique cosmique» et il lui suffirait alors d’en prendre conscience pour obtenir des pouvoirs divins a l’image de la tentation de l’Eden : « Vous serez comme des dieux » (Gen. 3 :5). D’autres incorporent la croyance en la réincarnation, Jésus bénéficiant de multiples incarnations dans divers « maîtres spirituels ». Le syncrétisme permet aussi de créer les chimères du Reiki déjà signalées.

Le fait d’influencer l’inconscient des personnes à leur insu pour modifier leur comportement relève par ailleurs de pratiques magiques et spirites.

Le Reiki est donc à situer dans la mouvance spiritualiste contemporaine qui tente de contrebalancer le matérialisme antérieur, mais en réalité s’inscrit dans une position-miroir tout aussi toxique.
« Les spiritualismes en question ont été étudiés, dans les années 1920, par René Guénon dans deux ouvrages : le premier a trait à la société théosophique de H.P. Blavatsky, et propose de démasquer les « sectes orientalistes » ; le second est consacré au spiritisme d’Allan Kardec précurseur de la psychanalyse freudo-jungienne. Ces deux groupes sont les ancêtres des mouvements spiritualistes actuels, et bon nombre d’écoles de Reiki s’inspirent hélas de leurs doctrines et de leurs pratiques fantaisistes. »26

Les fruits spirituels pour un chrétien seront mesurés à l’aune, non seulement de la guérison psychosomatique, mais du cheminement ultérieur dans les voies du salut par la conversion et le rattachement au Christ, à son Eglise et la pratique des sacrements.

Petit exemple illustratif

ne jeune fille venue en séminaire dans notre Centre Takiwasi, à la suite de mes mises en garde sur le Reiki exposées dans cet article, m’écrit le courrier suivant :
« Je viens de finir de lire votre texte qui m'a beaucoup parlé et j'ai enfin eu les réponses et les arguments qui me manquaient. Suite à des rêves j'ai compris que le Reiki n'était pas une bonne chose, mais j'avais besoin d'arguments pour comprendre pourquoi.
Les présupposés du Reiki sont faux, chose que je savais inconsciemment mais dont je ne me préoccupais pas ! J'avais trouvé un moyen simple, facile et sans difficultés d'accéder à ce monde spirituel qui m'a toujours intéressé et en plus de ça je pouvais aider les autres. Dans le contexte new age, le fait de se chercher, cette quête de spiritualité, même si je suis de confession chrétienne, j'ai besoin de preuves pour croire aux choses : les livres, le catéchisme et les textes bibliques ne me suffisaient pas ! J'avais besoin de preuves et de vivre les choses, "le voir pour le croire". C'est d'ailleurs depuis ma séance à Takiwasi où Dieu m'est venu en aide, que j'ai commencé à vraiment croire en Lui. Et je pensais que le Reiki pouvait m'apporter cela.
Et c'est maintenant que je fais le lien entre mes douleurs chroniques aux jambes et au dos, et le Reiki, des douleurs qui se sont déclenchées depuis que j'ai commencé à pratiquer le Reiki régulièrement sur moi, et qui ne font qu'empirer malgré tous mes efforts. J'étais sur le chemin de St Jacques de Compostelle, j'avais prévu de faire le pèlerinage en 3 mois et j'ai dû m'arrêter au bout d'une semaine à cause de ces douleurs. »

De ce précieux témoignage, il me semble qu’on puisse tirer quelques enseignements :

  1. Cette jeune fille, que j’appellerai Myriam, manifeste d’abord le besoin d’une argumentation raisonnable. L’appel à la raison est sain et signale que les seules invectives, condamnations ou menaces ne remplissent pas le besoin de vérité. Le Christ est le Logos, et la foi se doit d’être explicitée de même que les oppositions à la foi.27
  2. Myriam évoque ensuite le besoin de preuves en citant St Thomas, il ne s’agit pas là preuves intellectuelles sinon sensibles. Jésus ne condamne pas St Thomas, il reconnaît sa foi bien qu’il valorise davantage la foi de ceux qui n’auront pas attendu des preuves sensibles pour croire28. Les vécus « mystiques », sensibles, contribuent à nourrir la foi et sont encore plus nécessaires sans doute dans un monde rationaliste et désacralisé. Ils ne sont cependant pas indispensables.
  3. Ceci dit, le vécu sensible, comme son expérience à Takiwasi, ne sont pas suffisants s’ils ne sont pas relayés par une vie d’Eglise, un enseignement cohérent, un partage communautaire où ce vécu puisse être aussi reçu et considéré ou éventuellement être alimenté.
  4. L’enseignement (livres, catéchisme, textes bibliques) qui ne s’appuie pas sur un vécu de foi et une relation authentique au divin, risque de rester stérile. On peut y voir une critique à une façon trop doctrinale, intellectuelle, mentale d’enseignement de la foi.
  5. Les diverses séductions signalées dans cet article sont bien retrouvées ici : facilité d’apprentissage, besoin « d’aider les autres », efficacité apparente, effets sensibles (« ça marche), contexte new age…
  6. Myriam avait été avertie de la fausseté du Reiki, par des rêves et par des douleurs physiques, depuis le début de son initiation, et croissantes au fur-et-à-mesure de sa pratique du Reiki …elle le savait « inconsciemment ».
  7. L’infestation est signée symboliquement quand ces douleurs ne lui permettent pas de réaliser le pèlerinage à St Jacques de Compostelle : « cela l’empêche de marcher vers Dieu ». Et du coup « ça ne marche plus » !

Il existe donc une incompatibilité totale à l’initiation et la pratique du Reiki pour un chrétien. Qui d’autre part n’en n’a nul besoin puisque la tradition chrétienne lui offre les outils de la guérison par la médiation du Christ (et de la Vierge, des Anges, des Saints). Encore faut-il sans doute que l’Eglise se réapproprie cette tradition initiée par Jésus lui-même et qui a tendance à être laissée de côté et qu’il commande cependant clairement à ses disciples de poursuivre: « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mat. 10 :8).

Cette déficience actuelle de connaissance, chez les chrétiens, de la dimension spirituelle du combat, voire le déni même de l’existence des puissances du Mal, les rend susceptibles de se laisser entraîner dans des impasses en oubliant les recommandations de St Paul : « Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. » (Eph. 6 :12). En effet, selon les paroles de St Jean, « le monde entier gît au pouvoir du méchant ». (1 Jean 5:19).

Comment se libérer ?

Pour un chrétien engagé dans la pratique du Reiki, il est impératif de l’abandonner et de suivre les recommandations suivantes (non exhaustives) :

  1. Procéder à une confession complète auprès d’un prêtre, avec le repentir sincère du coeur, la pratique du Reiki configurant un manquement au premier commandement : « Tu adoreras Dieu seul et tu l'aimeras plus que tout. »
  2. A partir de l’absolution, mener une vie chrétienne et en particulier avec la fréquentation de l’eucharistie, si possible quotidienne, manifestant tout renoncement au Mal et à Satan.
  3. Demander de bénéficier du sacrement ou onction des malades.
  4. Prier chaque jour le chapelet et le rosaire du Précieux-Sang.29
  5. Utiliser les prières catholiques de libération (voir sur internet).
  6. Faire une neuvaine demandant la complète libération des esprits convoqués à travers le Reiki.
  7. Recourir aux élémentaux comme le sel exorcisé, l’eau exorcisée, l’huile exorcisée, l’encens exorcisé, les médailles de protection (en particulier de St Benoît et de la Vierge Miraculeuse de la rue du Bac), etc.
  8. Si nécessaire, faire appel à un prêtre exorciste (normalement un par diocèse) ou spécialisé dans les problèmes de libération spirituelle.

Le processus de libération spirituelle demande du temps et il est nécessaire de s’armer de constance, patience et humilité. L’accompagnement par un directeur spirituel est hautement recommandable. L’absolution et le renoncement express ne signifient pas que la libération soit accomplie. Elle requiert un cheminement dont la longueur est souvent proportionnelle au temps passé dans ces pratiques occultistes et au degré d’initiation acquis.

Conclusion

Le Reiki appartient à ces pratiques de canalisation, cohérentes avec l’ambiance New Age et ses caractéristiques d’autoréférence, et qui semble répondre à la mentalité matérialiste et technique moderne qui demande rapidité d’apprentissage, d’exécution, immédiateté des résultats et manifestations sensibles.

Cependant, cette séduction cache des enjeux spirituels graves et généralement ignorés, en particulier d’infestation par des entités malignes du monde intermédiaire ou subtile, de par l’emprise exercée au moyen de l’initiation rituelle. Ces conséquences vont de la vampirisation énergétique inconsciente jusqu’aux pathologies les plus lourdes. L’édifice du Reiki est basé sur l’invocation d’esprits maléfiques ou démons.

Son incompatibilité avec le christianisme est complète.

Le Reiki représente donc un poison spirituel qu’il convient d’éviter et une arnaque qui se doit d’être dénoncée et combattue. Des remèdes existent pour s’en libérer et retrouver sa liberté.


1 Article publié sur le site web de Takiwasi, novembre 2016.
2 On entend par « infestation spirituelle » le fait qu’un être humain soit parasité par des entités maléfiques du monde invisible qui lui portent préjudice et le vampirisent sur le plan énergétique. Les diverses traditions en font état en diverses terminologies : mauvais esprits, démons, présences négatives, esprits malins, entités du bas-astral, etc. On regroupe sous ce terme général des degrés de contamination qui varient d’un simple contact jusqu’à la possession massive (rare) en passant par les états intermédiaires d’« obsessions », « vexations » et autres.
3 Cela recouvre un très large éventail : personnes en recherche personnelle, de définition de vocation ou mission de vie, avec questions existentielles, difficultés relationnelles, troubles psychiques voire psychiatriques, mal de vivre, processus psychothérapeutiques inaboutis avec les thérapies déjà tentées, etc.
4 Pour plus de détails, consulter les articles que nous avons déjà écrits sur ce sujet et accessibles sur notre site web : http://www.takiwasi.com
5 Au moment d’écrire ces lignes, nous apprenons par des collègues qu’une de leurs amies, thérapeute chilienne, maître de Reiki, vient de décéder d’un cancer à l’âge de 40 ans...
6 Reiki : « la médecine mystique » de Mikao Usui Tome 1. Le Reiki : ses documents, son histoire et ses écoles. Tome 2. Les sources possibles du Reiki. Tome 3. Le Reiki, dans les sectes et face à la science moderne. Par Pascal Treffainguy, EDITIOUN VUN KILLEBIERG, LËTZEBUERG.
7 Voir à ce propos le témoignage circonstancié d’un ancien adepte (en espagnol) : http://www.pildorasdefe.net/post/conocetufe/IHS.php?id2=El-Reiki-es-invocar-demonios-disfrazados-de-sanacion-espiritual-Testimonio-de-un-ex-practicante
8 A moins qu’ils aient préféré taire ces noms, ce qui les rend d’autant plus suspects.
9 Expression typique de la mouvance New Age, souhaitant récupérer l’image positive de Jésus sans le reconnaître comme Christ mais surtout en écartant toute référence à l’Eglise.
10 Dans son ouvrage, « J’ai vécu le surnaturel, mes expériences inédites » (Ed. France Loisirs, 2003), le journaliste Marc Ménant relate, au chapitre 9 consacré au Reiki, sa rencontre avec Ronald Mary, maître de Reiki. A la question « Où captes-tu cette énergie ? », Ronald Mary répond tout de go « Je n’en sais rien. Je rappelle que le mot reiki signifie « énergie universelle de vie »… », p. 262.
11 En fait, invoquer les démons qui président à ces interventions. Certains témoignages signalent des noms précis comme les suivants : Dai-ko-myo, démon principal, souverain du Reiki ; Hon-cha-se-shonen, esprit de contact avec l’énergie Reiki pour établir un lien à distance, il signifierait « de mon énergie à la tienne » ; Sei-heki, esprit guide du Reiki permettant d’influencer l’inconscient des personnes et les manipuler à leur insu ; Tjoko-rei, esprit principal du Reiki pour activer ou augmenter l’énergie, signifierait «dieu, viens ici » (il faut entendre « démon, viens ici) ; Ling, esprit principal du Harbori-reiki aux mêmes fonctions d’activation énergétique ; Raku ; Dragon de Feu ; etc..
12 Témoignage d’un ex-pratiquant (en espagnol) : http://www.pildorasdefe.net/post/conocetufe/IHS.php?id2=El-Reiki-es-invocar-demonios-disfrazados-de-sanacion-espiritual-Testimonio-de-un-ex-practicante
13 Certaines des informations transmises par Hawayo Takata sur l'histoire de Mikao Usui n'ont pu être confirmées à ce jour comme le fait qu'il était un prêtre catholique, un enseignant d'université ou un étudiant en théologie à l'université de Chicago. Par contre on a retrouvé la trace de Mikao Usui né le 15-8-1865 décédé le 9-3-1926 il a été secrétaire privé d'un politicien nommé Shimpei Goto. Il a soutenu un doctorat en littérature et a reçu une récompense (Kun San) de son empereur pour son travail honorable. Il a créé une école nommée Usui Reiki Ryoho Gakkai (Ryoho = technique ; Gakkai = Organisation) qui existe toujours aujourd'hui. Il est enterré au temple Saihoji, un temple bouddhiste en banlieue de Tokyo. Sa femme et son fils y sont également enterrés. Il pratiquait les arts martiaux, le QI Qong, étai initié au bouddhisme Tendai et Shingon..
14 Pascal Treffainguy, op. cit, Tome 1.
15 Voir par exemple cet article d’une revue de médecines alternatives : http://www.clarin.com/buena-vida/tendencias/Reiki-hospital-resultados-sorprendentes_0_797320451.html
16 Voir par exemple : http://www.zenensoi.com/dossiers-d-infos/etudes-scientifiques-reiki/
17 Pascal Teffainguy, op. cit., tome 3.
18 Voir « ¿Qué hacemos con un cura que predica el “reiki crístico”? - http://infocatolica.com/blog/infories.php/1208301047-ique-hacemos-con-un-cura-que
19 Ceci est valable pour toutes les organisations qui établissent des liens rituels à l’égrégore et aux entités démoniaques qui y président secrètement, comme par exemple la franc-maçonnerie.
20 L’évêque d’Orense en Espagne, José Leonardo Lemos Montanet, a signé le 20 Août 2012 un décret pénal contre Gumersindo Meiriño Fernández, prêtre incardiné dans ce diocèse, pour la diffusion de “doctrines hétérodoxes” qui se réfèrent à la pratique d’un soi-disant « reiki christique ». Par ailleurs selon le journal La Croix, « le centre de retraite Notre-Dame-des-Pins à Fremont (Ohio), géré par les Soeurs de la Miséricorde de Cincinnati, utilise « une interprétation chrétienne du reiki basé sur la vie, la mission et l'enseignement de Jésus-Christ » et offre le reiki « dans le contexte de la prière », comme on peut le lire sur leur site Web. De même, le Centre spirituel Mont-Saint-Joseph, dans la banlieue de Cincinnati (Ohio), propose le reiki « comme une opportunité d'enrichissement spirituel à travers un vaste programme de pratiques ». http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Les-eveques-americains-mettent-en-garde-contre-la-pratique-du-reiki-_NG_-2009-04-27-534080
21 C’est précisément de cela que se vaudra Gumersindo Meiriño Fernández sur son blog, affirmant que « il s’agit d’une thérapie spirituelle basée sur la théologie (…) et qui se fonde sur la force guérisseuse de Jésus. Nous n’avons rien découvert sinon que nous mettons en pratique la guérison qu’il a développée dans son Evangile » https://gumersindomeirinoblog.wordpress.com/
22 http://www.usccb.org/about/doctrine/publications/upload/evaluation-guidelines-finaltext-2009-03.pdf
23 Dans de nombreux articles et livres, des religieux et exorcistes condamnent abusivement à ce titre toute discipline non occidentale, depuis les arts martiaux jusqu’aux médecines traditionnelles autochtones. Ce rejet massif et indiscriminé est inaudible par les contemporains qui connaissent et pratiquent ces disciplines et méthodes, et de plus constitue un abus de pouvoir dans la mesure où le travail de discernement au cas par cas n’est pas effectué. Une chose est une saine mise en garde contre les dangers spirituels possibles de ces pratiques lorsqu’elles cachent des liens spirituels toxiques.
24 Journal La Croix 27.4.2009
25 D’ailleurs certains présentent le Reiki comme une panthérapie, voir par exemple http://it.pantherapy.org/mot/reiki?tab=8
26 Pascal Treffainguy, op. cit. tome 3.
27 Voir à ce sujet l’Encyclique Fides et Ratio (Foi et Raison) de Jean-Paul II, 1998.
28 « Jésus lui dit: Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru! » (jean 20 :29)
29 Un prêtre signale sur son blog (http://padrejoseluis.blogspot.com/2009/04/el-reiki-peligro-mortal.html) qu’il a connu une personne qui, quand elle a voulu abandonner le Reiki ses “guides” se sont démasqués et ont commencé à l’insulter et la menacer de tout, jour et nuit, y inclus de mourir. Quand cette personne priait le rosaire, ils ne le supportaient pas et lui demandaient d’arrêter de prier.