1. Qu'est-ce que le Centre Takiwasi ?
Takiwasi est un centre de réhabilitation de toxicomanes et de recherche sur les médecines traditionnelles amazoniennes. Depuis 1992, il a contribué à améliorer les conditions de santé de la population et à préserver l'environnement, en développant des techniques et des modèles d'intervention innovants qui sauvent les connaissances traditionnelles amazoniennes et les articulent avec la science et la technologie modernes.
2. Est-ce que seules les addictions sont traitées à Takiwasi ?
Le Centre Takiwasi, en plus d'être une communauté thérapeutique reconnue par l’état péruvien dédiée au traitement des personnes ayant des problèmes de toxicomanie et de santé mentale, offre également des espaces alternatifs pour une instance thérapeutique d'auto-exploration, réservée aux personnes qui ne souffrent pas de problèmes de toxicomanie. Parmi eux, nous pouvons nommer les Retraites/Diètes et les Séminaires.
3. Les maladies chroniques et dégénératives sont-elles traitées au Centre Takiwasi ?
Takiwasi n'a pas l'infrastructure ou le personnel adéquat pour traiter les cas graves de santé. Seuls les toxicomanes et les personnes ayant des problèmes de santé peu graves ou des problèmes psychologiques ou existentiels sont reçus. Dans tous les cas, vous pouvez toujours faire une demande qui sera étudiée avec toute l'attention requise.
4. Puis-je prendre l'ayahuasca à Takiwasi ? Combien cela coûte-t-il ?
Au Centre Takiwasi, les sessions d'ayahuasca sont menées de manière ritualisée dans le cadre d'un processus thérapeutique plus complet tel que la Retraite/Diète ou le Séminaire. Il est impossible d'accéder à une prise d’ayahuasca seule, et cela doit toujours être anticipé par une préparation qui comprend la prise de plantes purgatives. Les personnes souhaitant accéder au processus de prise de plantes en ambulatoire doivent être disponibles pour s'adapter au rythme et aux règles du protocole de Takiwasi, qui, entre autres, demande aux personnes intéressées de remplir une déclaration de santé et d'écrire une lettre de motivation qui seront évaluées par l'équipe thérapeutique.
5. Puis-je visiter le Centre Takiwasi ?
Takiwasi offre accès libre à sa Bibliothèque spécialisée en médecines traditionnelles et à sa Boutique où vous pouvez trouver les produits naturels fabriqués par le Laboratoire Takiwasi ainsi que les livres et les ikaros publiés par le Centre. Takiwasi reçoit également des visiteurs désirant connaître ses installations et son jardin botanique spécialisé dans les plantes médicinales amazoniennes. La visite guidée dure environ 1 heure et coûte 10 soles pour les adultes et 5 soles pour les enfants. Il est souhaitable d’annoncer sa visite un peu à l'avance afin d'éviter de perturber les activités prévues avec les patients résidents en traitement et d'assurer une bon accueil. Il est possible de recevoir des groupes de visiteurs avec un programme spécifique (par exemple, des groupes d'étudiants pour des conférences) quand il y a un accord préalable sur les conditions de la visite.
6. Le Centre Takiwasi reçoit-il des volontaires ?
Le Centre Takiwasi peut recevoir de façon limitée des volontaires de différentes nationalités et disciplines pour une période maximale de 6 mois. Takiwasi donnera priorité exclusivement aux personnes offrant un service spécifique au Centre et répondant à notre intérêt et à des besoins internes particuliers. Toutes les dépenses de voyage, y compris logement et alimentation, sont à charge du volontaire pour la durée de son séjour. La présence au Centre, en contact avec des patients présentant une forte toxicomanie, suppose des règles de conduite spécifiques qui sont également signalées dans la section Volontariat et Stages.
7. Existe-t-il des centres similaires à Takiwasi dans d'autres pays ?
A notre connaissance, il n’existe pas encore ailleurs dans le monde, un centre similaire à Takiwasi dans le sens d’une attention préférentielle aux toxicomanes, avec usage associé de médecines traditionnelles et conventionnelles, sans but lucratif et avec une équipe professionnelle. Malgré tout, il existe des expériences proches et solides comme le centre Runawasi à Buenos Aires (Argentine) ou le Temple Bouddhiste Tham Krabok (Thaïlande) où sont accueillis principalement des héroïnomanes. D’autres initiatives plus récentes existent dans divers pays latino-américains (Brésil, Guyane Française, Surinam, Guatemala, Bolivie, etc) et d’autres pays du monde. Il y a aussi des lieux qui proposent la prise d’iboga, plante africaine, qui permet une réduction immédiate du syndrome d’abstinence en cas de dépendance aux opiacés (héroïne, morphine, codéine, etc). Enfin, il existe une association de soutien pour Takiwasi en France: La Maison qui Chante.
8. Faut-il être chrétien pour être admis à Takiwasi ou participer à un séminaire ?
La réponse est non, bien évidement. Takiwasi est un centre laïque, c´est-à-dire que la liberté de croyances et de culte y est totale. Ainsi notre équipe thérapeutique comprend-elle aussi bien des personnes pratiquant un culte religieux précis que des agnostiques. Cependant la spiritualité joue bel et bien un rôle central au sein de Takiwasi, et la dimension spirituelle est au cœur du traitement parce que, traditionnellement, elle est au cœur des pratiques médicales chamaniques d´Amazonie. On assiste ainsi très généralement à un réveil de la spiritualité au cours du traitement ou des séminaires. Mais il renvoie d´abord aux racines du patient, que celles-ci soient animistes, chrétiennes, musulmanes, juives, ou autres. En fait, l’une des principales réussites dans le travail d´évolution personnelle des patients traités est de redécouvrir le transcendant à un moment de son séjour.
9. Je veux apprendre à être guérisseur, est-ce que Takiwasi fournit des espaces de formation ?
Non, Takiwasi n'est pas un centre de formation pour guérisseurs. Seules les personnes nécessitant un traitement sont reçues. Le processus d'apprentissage pour être guérisseur exige beaucoup de temps, d'abnégation et d'efforts et n'est pas accessible à tout le monde. Être guérisseur est un style de vie et la personne doit se dédier totalement à cela.
1. Quelles sortes de dépendance sont-elles traitées à Takiwasi ?
Le protocole de traitement est adapté à n’importe quelle sorte de dépendance avec ou sans substances. Par sa situation géographique, Takiwasi accueille surtout des patients avec des problèmes de consommation de pâte base de cocaïne, cocaïne, alcool, tabac et cannabis. Mais la venue de patients d’Europe et d’Amérique du Nord (20% des patients ne sont pas péruviens) a étendu notre expérience aux consommations de crack, haschich, médicaments, héroïne, drogues synthétiques, etc. Il y a aussi des patients dépendants aux jeux, au sexe, à la pornographie, aux actes délinquants, à l’informatique, etc.
2. Quel genre de personnes sont-elles acceptées pour un traitement résidentiel ?
Takiwasi accepte en traitement résidentiel seulement des personnes qui ont un problème de dépendance, que ce soit à des substances légales ou illégales, ou un comportement addictif (jeu de hasard, sexe, ordinateur, achat compulsif, etc.). Selon notre autorisation de fonctionnement, Takiwasi ne peut recevoir que des patients de sexe masculin âgés de 18 à 50 ans. Pour les personnes de plus de 50 ans, il y a une évaluation au cas par cas, en fonction des conditions médicales et de la (des) substance (s) de dépendance. Pour les cas d'alcoolisme, nous évaluons également au cas par cas, étant donné que le problème est plus complexe, encore plus si les personnes sont plus âgées et qu’il n'y a pas de soutien familial adéquat après le traitement.
3. Quels sont les conditions pour être admis à Takiwasi ?
Une partie du traitement est basée sur l'utilisation contrôlée de plantes médicinales dépuratives et purgatives, c'est pourquoi la personne qui demande un traitement doit avoir un certain état de santé, à évaluer et à envisager avant l’admission. Parfois, nous demandons des examens médicaux auxiliaires pour écarter tout problème de santé non compatible avec notre modèle, notamment en ce qui concerne l'utilisation de plantes médicinales. Si l'état de santé est compatible avec notre modèle thérapeutique, la motivation du patient est également importante et décisive, car c’est à partir d’elle que commence le processus d'admission. Par conséquent, l'écriture de l'autobiographie et des motivations à chercher la guérison doivent être faites par l'intéressé. L'intervention de la famille est importante au début, mais plus important est l'engagement du patient. Il faut tenir compte du fait que nous avons généralement une liste d'attente et que par conséquent les évaluations sont données en fonction de la date d'envoi des documents demandés.
4. Combien de temps dure la thérapie ? Est-il possible de suivre un traitement plus court ?
Le traitement dure normalement entre neuf et douze mois. L’expérience montre que cette durée, celle d’une grossesse, est nécessaire pour arriver à une renaissance. Dans des cas exceptionnels, il peut être plus court suivant l’évaluation de l’équipe thérapeutique. Par exemple, dans le cas où la personne a des engagements inévitables, tant professionnels, scolaires ou familiaux, ou dans le cas où il s’agit d’un jeune patient avec une dépendance récente ou modérée.
5. Est-il nécessaire de parler espagnol pour être admis ?
Le Centre a une équipe thérapeutique majoritairement latino-américaine avec quelques psychologues étrangers (France, République tchèque, etc.) et on utilise aussi l’anglais. Malgré tout, l’ensemble du traitement est réalisé en espagnol, tout comme la communication quotidienne entre les patients et le personnel accompagnant. Pour ces raisons, il est indispensable de parler un minimum l’espagnol pour pouvoir entrer comme patient à Takiwasi.
6. A quelle date vaut-il mieux entrer en résidence pour un traitement ?
Il n’existe pas de date précise pour entrer en résidence à Takiwasi. Nous accueillons les patients tout au long de l’année, quand ils sont prêts pour l’entrée, suivant la disponibilité des places et après avoir établi un accord avec le Centre.
7. Existe-t-il une forme de traitement ambulatoire, par exemple pour les femmes ?
Oui, il y a un suivi ambulatoire pour les femmes toxicomanes, qui ne peuvent pas être admises à Takiwasi. Pour les hommes, il est recommandé de faire un traitement résidentiel pour vraiment faire face à leurs problèmes et pouvoir guérir efficacement.
8. Un ami ou un membre de ma famille a des problèmes de drogue mais ne veut pas se soigner, que puis-je faire pour qu’il entre dans votre Centre ?
La condition principale pour être admis à Takiwasi est d’être volontaire étant donné qu’un traitement forcé est inefficace et aboutit à l’échec. Le patient accepte volontairement de rester au Centre sans sortir durant le temps de son traitement. La porte principale de Takiwasi reste ouverte toute la journée et si le patient veut sortir, il ne sera pas retenu. Le mieux qu’on puisse faire pour un ami ou un membre de la famille est d’essayer de l’informer de cette option thérapeutique pour qu’il arrive à se convaincre par lui-même de sa nécessité. En d’autres termes, tout dépend de lui.
9. Peut-on communiquer avec la famille et les amis durant la résidence à Takiwasi ?
Durant les trois premiers mois de traitement, il n’y a pas de contact direct entre le patient résident et des personnes extérieures (sauf exception concertée avec les thérapeutes). A partir du troisième mois, il y a la possibilité de communiquer directement entre la famille et le patient suivant des conditions clairement établies : par téléphone, lettres ou visites au Centre. Le patient n’a pas d’accès à Internet durant son séjour. La période de trois mois de coupure de communication avec la famille et les amis vise à permettre au patient de se centrer exclusivement sur son processus de guérison et sur soi-même, et d’éviter de reproduire les erreurs classiques de communication dans la famille qui interfèrent avec ce processus (co-dépendance, manipulation, chantage, projections, etc.). Malgré tout, la famille a un accès permanent et direct à l’équipe thérapeutique pour obtenir des nouvelles du membre de sa famille.
10. Quel est le rôle de la famille durant le traitement d’un patient ?
Les familiers proches, en particulier les parents, jouent un rôle fondamental dans la réussite du traitement. Quand ils acceptent de réaliser eux-mêmes un accompagnement thérapeutique chez eux ou à Takiwasi, cela permet, à la sortie de leur fils, d’éviter de reproduire des modèles erronés qui pourraient réactiver la dépendance. La dépendance est toujours le résultat d’un contexte familial où il y a eu des erreurs de comportement des familiers qu’on appelle la co-dépendance. Pour cette raison, il est très important que les membres de la famille acceptent de commencer un processus personnel de compréhension des mécanismes erronés qui ont généré la dépendance de leur proche. Takiwasi peut accompagner la famille dans ce processus. On établit des règles minimales de relations entre la famille, Takiwasi et le patient, avant de commencer le traitement. Cela concerne sur des questions ordinaires telles que celles de l’usage d’argent, des facilités accordées au patient, de la communication durant le traitement. Si les membres de la famille ne veulent pas ou ne peuvent pas réaliser ce processus, cela n’empêche pas un patient de demander et de pouvoir suivre un traitement à Takiwasi.
11. Que faut-il pour qu’un traitement réussisse ?
Le traitement donne de bons résultats pour qui est réellement motivé et décidé non seulement à se libérer de sa dépendance mais aussi à changer sa façon de vivre. Les meilleures conditions sont réunies quand un patient comprend qu’il ne s’agit pas seulement d’arrêter de consommer de la drogue. Il faut aussi affronter et résoudre les problèmes antérieurs à la consommation (affectifs, psychologiques, familiaux, etc.) et ce qui les a créés. Il est important d’accepter d’aller à la rencontre du sens de sa propre vie, avoir la perspective de vivre autrement, d’élaborer un projet de vie pour le futur. Si les membres de la famille collaborent activement au processus, la possibilité de résultats positifs augmente énormément. Nous insistons pour que le patient ne retourne pas à son lieu de résidence d’origine (la maison de ses parents ou de ceux qui l’ont élevé, les lieux où il consommait) et évite de reprendre contact directement avec les personnes qui ont fait partie de sa structure de dépendance. Nos statistiques indiquent que les résultats s’améliorent de façon significative lorsque les patients vont au terme du processus, partent avec un projet de vie clair et préparé et quand ils sont suivis après leur séjour à Takiwasi. Ces données ont été obtenues sur la base de deux années au moins après la sortie du Centre et sans usage de produits de substitution ou de médicaments.
12. Des produits pharmaceutiques sont-ils utilisés pendant le traitement ?
Aucun produit pharmaceutique n’est prévu dans le protocole de traitement. Les uniques et rares exceptions sont les cas d’urgence, de traitement dentaire, d’infection collatérale ou d’infestation par des parasites.
13. Comment peut-on affronter sans médicaments le manque initial de drogues (syndrome d’abstinence) ?
Dès le jour de l’arrivée, on suspend toute consommation de drogue, y compris le tabac. Le patient ingère des plantes médicinales qui visent à le purger et à désintoxiquer rapidement son organisme. Certaines plantes provoquent de forts vomissements et amènent une réduction immédiate du syndrome d’abstinence (crampes, diarrhées, maux de tête, nervosité, angoisses). On les associe à des plantes calmantes et apaisantes, au sauna, bains et traitements de type énergétique. Dans la grande majorité des cas, en une semaine maximum le patient retrouve un sommeil normal, une tranquillité physique et psychique interne et arrive à une absence d’angoisses et de désirs impulsifs de consommer des drogues. Tout cela est obtenu sans aucun médicament.
14. Si un patient veut arrêter le traitement, le retient-on ou peut-on l’y obliger par la force ?
Takiwasi exclut au cours du traitement le recours à tout moyen de pression, coercition, manipulation, contrainte, ou violence physique ou psychologique. L'objectif est de créer un environnement cohérent, respectueux et agréable. Le Centre est ouvert et personne n'est retenu contre son gré. Réciproquement, un résident qui se risque à utiliser de telles méthodes envers ses compagnons ou le personnel du Centre encourt l’expulsion immédiate. Quand un patient veut abandonner le traitement avant la fin, une discussion s’engage avec lui pour élucider les raisons de sa décision. A partir de là, la décision est entre ses mains et s’il veut partir, personne ne l’empêchera de le faire. Cependant, si le patient souhaite revenir, les conditions de son séjour seront renégociées. Le retour n’est pas automatique.
15. Est-ce que Takiwasi accepte en traitement des patients adolescents ?
À Takiwasi, les adolescents ne sont admis que lorsqu'il y a un besoin thérapeutique exprimé et que le jeune et ses parents approuvent la procédure et nécessite l'approbation légale du juge aux affaires familiales. L'intéressé doit énoncer clairement son souhait, au-delà de l'intérêt éventuel des parents, et doit s’intégrer dans un processus qui inclut une préparation adéquate, des outils d'accompagnement psychothérapeutique et un suivi post-ayahuasca. Généralement, cela ne concerne pas les jeunes de moins de 15 ans. Dans les cas où il existe un cadre clair de confinement et d'intégration des expériences vécues avec l'ayahuasca et les méthodes complémentaires, nous avons obtenu des résultats très positifs.
16. Pourquoi Takiwasi ne reçoit-il que des patients masculins en traitement ?
La loi péruvienne ne permet pas aux hommes et aux femmes d'être admis dans le même centre. Nous avons déjà reçu des femmes, mais la coexistence avec les hommes était problématique. Avec la prise de plantes, la libido, la sexualité et le monde affectivo-émotionnel anesthésié par les drogues sont éveillés. Cependant, la gestion énergétique des plantes nécessite une période d'abstinence sexuelle difficile à observer s'il y a proximité des deux sexes. De plus, les filles qui ont des problèmes de drogue sont souvent plus difficiles à traiter que les hommes et nécessitent donc une attention plus soutenue. Nous aimerions pouvoir construire un centre d’accueil spécialement dédié à l’accompagnement des femmes.
17. Pourquoi l’abstinence sexuelle est-elle exigée durant le traitement ?
Le travail avec les plantes agit sur le corps physique mais aussi sur le corps énergétique matérialisé. L’activité sexuelle qui mobilise puissamment ce système interfère avec les effets des plantes et peut même arriver à les inverser. C’est ce que la médecine amazonienne appelle “cruzadera”, c'est-à-dire des perturbations énergétiques qui peuvent se manifester au niveau physique (mal-être, vomissements, diarrhée, maux de tête, ivresse, tachycardie) et psychologique (cauchemars, angoisses, crises de panique, impulsions négatives jusqu’à la sensation de folie, idées et comportements délirants). L’abstinence sexuelle durant un traitement avec des plantes fortes est une règle d’or dans toute la médecine traditionnelle.
18. Quel est le modèle thérapeutique de Takiwasi ?
Le modèle thérapeutique de Takiwasi est novateur, unique en son genre. Il se caractérise par la combinaison des ressources des thérapies psychologiques et médicales conventionnelles à celles de la médecine traditionnelle amazonienne. Il constitue ainsi un ensemble cohérent de soins au sein d’un dispositif thérapeutique qui comprend trois espaces complémentaires et qui se rétro-alimentent mutuellement :
- Vie en commun. Selon le modèle général des communautés thérapeutiques (CT), la vie quotidienne partagée offre un lieu d’auto-observation pour les résidents et permet la restructuration des comportements à travers l’exercice des tâches et des devoirs domestiques.
- Psychothérapie. Elle fait appel à une diversité d’outils pour aborder de façon individuelle ou collective les problématiques qui affleurent grâce aux incidences de la vie en commun et suite à l’utilisation des plantes médicinales.
- Plantes médicinales. Elles accompagnent étroitement chaque étape du traitement aussi bien pour la désintoxication initiale que pour l’exploration par chacun de son univers intérieur. L’accent est mis tout particulièrement sur l’usage ritualisé et contrôlé, selon la tradition ancestrale amazonienne, de plantes médicinales à effets psychosomatiques. Pour obtenir un bon résultat ces pratiques exigent l’observation stricte de certaines règles : diètes alimentaires, abstinence sexuelle (y compris la masturbation), absence de stimulants, vie tranquille et concentration, rythme de sommeil adapté, activité physique et repos, bains et sauna, etc. L’alimentation fait également partie du traitement : sont à éviter les fritures, les excès de sucre et de sel, les produits laitiers, la viande de bœuf ; sont proscrits les condiments forts, la viande de porc et le café. Il est interdit de fumer au cours du traitement.
19. Quels sont les résultats du traitement ?
En 25 ans d'existence, Takiwasi a traité près de 1000 personnes ayant des problèmes de toxicomanie avec en moyenne un tiers des patients complètement guéris, un tiers des patients dont les symptômes connaissent une nette amélioration, mais avec des signes de traits addictifs encore présents, et un tiers des patients qui ne connaissent pas de bénéfices notables. Cela inclut tous les âges, toutes les classes sociales et tous les contextes culturels : du paysan amazonien qui consomme de l'alcool au jeune étudiant accro à la marijuana, en passant par le chômeur qui consomme de la pâte base de cocaïne, etc. Si l'on ne considère que les patients ayant terminé tout le processus, le chiffre atteint 67% de résultats positifs, selon des auto-évaluations internes réalisées en 2002 et 2008. Ces résultats peuvent être attribués à un système thérapeutique incluant l'utilisation de plantes médicinales Amazonien, un contexte de coexistence en communauté et un accompagnement psycho-médical réalisé par des professionnels.
20. Tous les toxicomanes traités à Takiwasi prennent-ils l'ayahuasca ?
L’ayahuasca étant l'axe central du traitement à Takiwasi, tous les patients en prennent. Cependant, la prise nécessite une sélection préalable et une préparation permettant de sélectionner seulement les personnes pour lesquelles le type de traitement proposé s’avère adapté. Outre des raisons physiques et psychologiques, on évalue essentiellement si le patient est capable de respecter les conditions d'alimentation (règles sexuelles et nutritionnelles) puisque, si la réponse est négative, les résultats de la prise d’ayahuasca peuvent lui être nocifs.
21. Quel est le mécanisme de guérison des addictions avec l'ayahuasca ?
L'ayahuasca sert avant tout à l’explicitation consciente des mécanismes psycho-émotionnels qui ont conduit à la dépendance et à la découverte d'un sens transcendant de la vie qui permet de donner de la cohérence à la souffrance et de guider le sujet vers des buts de vie constructifs. En bref, l'ayahuasca assume un rôle de facilitateur en psychothérapie avec des effets d'intégration immédiate qui confortent la motivation du patient et l'incitent à continuer dans le processus libérateur de la connaissance de soi.
22. Les personnes qui ont une dépendance à une substance ne courent-ils pas le risque de devenir dépendantes à l'ayahuasca ?
L’ayahuasca n'induit en aucun cas une dépendance. Par conséquent, elle ne constitue pas une procédure de substitution de la moindre drogue addictive. Quand les gens terminent le processus à Takiwasi ils ne veulent plus prendre d'ayahuasca, connaissant les exigences de ce travail sur eux-mêmes, tant au niveau des règles alimentaires et d'abstinence sexuelle, que du goût très désagréable du breuvage et des confrontations difficiles avec le monde intérieur, des exigences rituelles et comportementales. L'ayahuasca enseigne précisément que l'accès au « monde-autre », au monde symbolique, intérieur ou spirituel, est extrêmement exigeant et requiert un sacrifice, une vocation, une motivation et un respect infinis.
23. Considérez-vous comme toxicomanes les personnes qui consomment du cannabis ?
Le problème avec le cannabis est précisément que ceux qui le consomment en le fumant ne se sentent presque jamais dépendant. Dans l'intoxication, on peut arriver à des manifestations qui ressemblent à des poussées psychotiques. L'imprégnation du cannabis est graduelle et douce et passe donc inaperçue, mais selon notre expérience, elle très problématique. Nous constatons des problèmes de mémoire, de concentration, d'accès aux émotions, de mentalisation croissante, de falsification spirituelle, etc. Enfin, elle peut mener à une forme d'isolement dans un monde imaginaire, une incapacité à concrétiser des projets.
24. Quelle relation maintenez-vous avec un patient après son traitement ?
Les patients ne sont pas obligés de maintenir une relation quelconque avec le Centre après leur traitement. Malgré tout, un suivi thérapeutique après la sortie de Takiwasi est recommandé pour poursuivre et fortifier le processus initial et arriver à une réintégration sociale satisfaisante. Nous considérons que ce suivi devrait être au moins de 2 ans et idéalement de 5 ans. Au vu de la spécificité du processus de guérison à Takiwasi, peu connu des thérapeutes conventionnels, pour les patients locaux, il est recommandé de réaliser cette étape de suivi avec le Centre pour plus de facilité. Pour les patients d’autres lieux, dans la mesure du possible, on leur indique des thérapeutes de leur région ou pays qui connaissent le protocole original de Takiwasi. Tout patient qui est sorti de manière satisfaisante peut de plus demander, quand il en a besoin, une période de renforcement, en résidence ou en ambulatoire, suivant les cas, pour faire le bilan de son évolution, reprendre des plantes et consolider son processus de réintégration.
1. L´ayahuasca, qu´est-ce que c´est ?
L´ayahuasca (Banisteriopsis caapi) est une liane que l´on surnomme dans la région « maîtresse des maîtresses », car on lui attribue la capacité d´enseigner. Quand on la mélange par décoction avec des feuilles de Chacruna (Psychotria viridis) et en proportions exactes, elle constitue le breuvage nommé « ayahuasca » et détient des effets psychoactifs et purgatifs. Ce breuvage, de couleur marron-rougeâtre, de saveur amère, à l´odeur caractéristique et d´une consistance assez épaisse, est utilisée pour apprendre et pour soigner divers maux ; on l´ingère au cours de sessions collectives, en suivant les conditions d´un rituel.
2. L'ayahuasca est-elle légale ?
Au Pérou, l'utilisation de l'ayahuasca est légale, il n'y a pas d’interdiction à la consommer. Nous sommes un centre légal et officiel, appartenant au réseau de la santé. Il n'y a pas de problème avec cette question, bien que la prétention à l'acculturation occidentalisée amène les gens à penser que ces médicaments sont obsolètes, une affaire d'indiens arriérés ou d’occidentaux frustrés et donc les traitent avec mépris.
3. Quel genre de recommandations sont-elles faites à quelqu'un qui prend de l'ayahuasca à Takiwasi ?
La prise d'ayahuasca à Takiwasi suppose une préparation préalable qui commence par l'identification des motivations du sujet. La simple curiosité, le désir d'essayer une « drogue de plus » ou de vivre des expériences ludiques ne correspondent pas à l'objectif du Centre. Une entrevue avec un psychothérapeute de notre équipe tente d'écarter les troubles mentaux incompatibles avec la prise d'ayahuasca (schizophrénie, troubles de la personnalité, etc.). Il est demandé de remplir une déclaration de santé pour exclure toutes contre-indications médicales et, le cas échéant, demander des examens médicaux complémentaires. Toutes les personnes qui souhaitent participer à une prise d’ayahuasca doivent préalablement ingérer au moins une plante purgative.
Avant la prise, il est demandé d'exclure du régime alimentaire la viande de porc, les condiments forts (piment), l'alcool, la consommation de substances addictives (y compris le cannabis). Il est recommandé d'éviter d'autres aliments inadéquats (crème glacée, aliments frits, sucre raffiné en quantité, conserves, aliments épicés, viandes rouges...) et une liste d'aliments sains et appropriés est indiquée. Ces précautions doivent être établies au moins le jour précédant la prise et se poursuivre au minimum 2 jours après. L'abstinence sexuelle est également indiquée pour les mêmes périodes.
4. Quelles sont les principales plantes utilisées à Takiwasi, autres que l'ayahuasca, et à quoi servent-elles ?
Takiwasi utilise plusieurs types de plantes amazoniennes ou universelles telles que :
5. Est-ce qu’il y a des personnes qui ne devraient pas ou ne peuvent pas consommer de l’ayahuasca ?
L’utilisation de l’ayahuasca est à éviter en cas de processus psychiques dissociatifs où se manifestent des éléments délirants (psychose). De même, les cas border-line devront être évalués au cas par cas afin d’analyser la capacité d’intégration de l’expérience symbolique par la personne, sa motivation, l’environnement familial, etc.
Pour leur part, les contre-indications physiques sont relativement peu nombreuses en ce qui concerne les problèmes organiques où, par précaution, sont exclues les personnes qui présentent de graves déficiences métaboliques (diabète, urémie, par exemple) ou fonctionnelles (insuffisance cardiaque par exemple) ou encore des pathologies dégénératives avancées (Parkinson, Sclérose en plaques, SLA, etc.). De même, la prise d’ayahuasca sera écartée chez les personnes montrant des lésions digestives qui pourraient dégénérer en hémorragies à cause d’efforts de vomissement (ulcère stomacal, varices ou fissure œsophagiennes).
Sont également exclues les femmes enceintes, surtout pour les risques d’avortement au cours des trois premiers mois que pourraient provoquer les efforts éventuels pour vomir. Il faut signaler que, dans la tradition indigène, la grossesse ne représente aucune contre-indication et l’ingestion d’ayahuasca devient même recommandée pour donner plus de « force » au fœtus. Les guérisseurs indigènes évitent cependant d’accueillir en session collective des femmes enceintes dont la puissante énergie est selon eux susceptible de perturber les autres participants.
D’autres raisons « énergétiques » sont invoquées en ce qui concerne les femmes en période menstruelle. Produit d’un nettoyage non seulement physique (utérus) mais aussi énergétique (sanguin), les règles sont considérées comme potentiellement très perturbatrices et dangereuses lors du déroulement d’une session (induction de « bad trip »).
Enfin, le risque de choc sérotoninergique lié à l’utilisation des anti-dépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ou SSRIS a été signalé comme étant possible (Callaway & Grob, 1998). Par prudence et dans la mesure du possible, le protocole thérapeutique engagé à Takiwasi demande l’arrêt de ces antidépresseurs trois mois avant le début de la prise d’ayahuasca.
Takiwasi décide de la participation ou non d’une personne à la suite de l’analyse de son dossier (lettre de motivation, fiche clinique), d’une entrevue avec un membre de l’équipe thérapeutique et si nécessaire d’une consultation médicale par un médecin de l’équipe et la demande d’examens complémentaires de laboratoire. La purge préalable permet également de détecter des blocages psychiques ou énergétiques trop importants qui feront écarter le candidat ou lui proposer un autre protocole.
6. L'ayahuasca est-elle compatible avec la maladie mentale (schizophrénie, psychose) ?
Il n'est pas recommandé de prendre l'ayahuasca aux personnes qui ont des problèmes psychiatriques sérieux et prouvés. A Takiwasi, ces personnes ne sont pas acceptées, à moins que ces problèmes ne soient temporaires et que l'usage de drogues soit en cause. L'utilisation de médicaments psychiatriques n'est pas non plus compatible avec l'ayahuasca.
7. Pourquoi des vomissements se produisent-ils au cours de la prise d'ayahuasca ?
Lorsque le vomissement se produit au début de la session, cela indique souvent que la personne rejette l'ayahuasca du fait d’un sentiment de peur, d'insécurité face à l'inconnu. Il n'y a pas d'effet purgatif dans ce cas mais une tentative consciente ou non d'éluder. Pendant la séance, certaines personnes essaient de vomir ou de provoquer des vomissements pour éviter les effets de l'ayahuasca. En dehors de cela, des vomissements spontanés se produisent lorsque l'ayahuasca touche, avec ses effets psycho-physiques, les blocages du sujet et les supprime. Il y a une confrontation entre les résistances de la personne et la force de l'ayahuasca. Si les résistances sont plus puissantes, la personne ne vomit pas. Quand l'ayahuasca surmonte certaines résistances, le sujet vomit non seulement l'ayahuasca mais aussi les blocages correspondants. Dans ce cas, elle agit comme une purge d'énergie qui purifie le sujet sur un plan physique, psycho-émotionnel et/ou spirituel. Par conséquent, pour les autochtones, les vomissements sont un signe de guérison. Quand un patient de Takiwasi ne vomit jamais, nous savons qu'il y a une forte résistance et que le processus thérapeutique n'est pas satisfaisant. Inversement, les Ayahuasqueros expérimentés qui ont été purifiés pendant des années vomissent rarement.
8. L'ayahuasca peut-elle être considérée comme un médicament ?
L'ayahuasca est en fait un médicament puissant et efficace. Par conséquent, sa consommation nécessite la procédure clinique habituelle qui évalue les indications et les contre-indications à sa prescription. Elle est également insérée dans un complexe thérapeutique où elle est complétée par d'autres formes d'interventions (soutien psychologique, utilisation d'autres plantes, suivi physique, etc.). L'ayahuasca est plus qu'un médicament dans le sens où on l’entend communément en Occident puisqu'elle va au-delà de la recherche de la santé psychophysique en répondant à des questions sur le sens de la vie, en touchant à des questions existentielles, à la connaissance de soi, de la nature humaine, et à la découverte des lois qui régissent le monde invisible. Par conséquent, elle implique inévitablement une dimension spirituelle et ouvre des expériences sémantiques profondes qui peuvent parfois être décrites comme authentiquement mystiques.
9. Y a-t-il des maladies spécifiques pour lesquelles l'ayahuasca pourrait être bénéfique ?
On ne peut pas dire qu'il existe des maladies spécifiques qui peuvent être guéries avec ayahuasca, car cela dépend plus du patient que de la maladie. Par exemple, on ne peut pas dire que l'ayahuasca guérit le cancer, mais il y a des personnes ayant un cancer qui se trouvent guéries par l’ayahuasca. De manière générale, l'ayahuasca a potentiellement une bonne efficacité sur les maladies d'origine psychosomatiques. Elle est également un outil puissant (si elle est bien gérée) contre les pathologies habituellement considérées comme psychologiques ou psychiatriques et qui sont en fait une forme de perturbation énergétique d'origine spirituelle, des infestations dues à des pratiques magiques, d’occultisme, de spiritisme, d’héritages transgénérationnels malignes, etc. L'ayahuasca s'est révélée être tout aussi intéressante dans les cas de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Des résultats très encourageants ont été observés (au moins temporairement) avec la maladie de Parkinson (et les syndromes parkinsoniens) qui méritent une étude plus approfondie. De plus, l'Ayahuasca est un antipaludéen naturel ainsi qu’un vermifuge.
10. Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas prendre l'ayahuasca pendant leurs menstruations ?
Le travail avec l'ayahuasca se fait à un niveau énergétique. Pendant ses règles, la femme connait un nettoyage et un inversement de sa polarité énergétique. Prendre l'ayahuasca à ce moment-là peut causer un fort inconfort, pour la personne elle-même ainsi que pour ses voisins pendant la séance. Cette interdiction n'a rien à voir avec des questions de morale . L'expérience des guérisseurs a simplement montré qu'il valait mieux l'éviter pour le bien de tous.
11. L´ayahuasca est-elle un produit « hallucinogène » ?
Le plus connu des effets de l´ayahuasca est un effet psychotrope puissant qui déclenche chez l´individu des visions. Dès lors, comment caractériser ces visions ? Les détracteurs du breuvage parlent d´hallucinations, c´est-à-dire d´imaginations totalement déconnectées de la réalité. Mais du point de vue de la médecine traditionnelle d´Amazonie, ce terme est impropre. Certes les images et sons dont l´individu fait l´expérience ne sont pas reliés à la réalité extérieure, il les imagine. Cependant elles renvoient bien à la réalité. Car le réel ce n´est pas seulement ce que nous voyons et entendons hors de nous. Cela, c´est ce que nous pouvons appeler le monde extérieur. Mais il y a une autre face du monde, dont nous faisons en permanence l´expérience : notre monde intérieur, composé de nos pensées, de nos désirs, de nos souvenirs, de nos humeurs… Pour la médecine traditionnelle, il se passe sous l´effet de l´ayahuasca à peu près la même chose que lorsque nous rêvons la nuit : notre imagination produit des images et des sons qui n´ont pas grand-chose à voir avec le monde extérieur et qui pourtant nous en disent long sur nous-même. Contrairement au rêve, les effets de l´ayahuasca sont ressentis par des individus pleinement éveillés. L´une des fonctions du chaman est même de faire en sorte que les participants à la session d´ ayahuasca ne s´endorment pas, qu´ils aient le courage et la force d´affronter ces visions qui vont exprimer sous la forme d´images très vives les complexes, les souffrances, mais aussi les forces et les désirs qui se cachent en eux.
12. L´ayahuasca est-elle un produit toxique ?
Aucun signe de toxicité ou de dépendance au breuvage n´a été trouvé, ce qui concorde avec l´expérience des guérisseurs locaux – qui utilisent la potion pour soigner et désintoxiquer – ainsi qu´avec la bibliographie existante sur le thème. Grâce au contrôle médical périodique réalisé auprès des patients pendant la durée du traitement, on constate une amélioration notoire de la fonction hépato-biliaire et de l´état général et spécialement de l´état immunologique. En outre, les composants principaux du breuvage qu’est l’ayahuasca sont fabriqués de manière endogène par notre corps et par conséquent ils ne sont pas étrangers à notre physiologie. De là découle son absence de toxicité, en plus de ses mécanismes d´autorégulation qui permettent l’élimination par le biais du vomissement ou de la diarrhée quand l´effet est supérieur à la tolérance, qu´elle soit physique ou psychique.
1. Que signifie diète à Takiwasi ?
La Retraite/Diète, (communément appelée "diète" en médecine traditionnelle) constitue le travail thérapeutique le plus profond de la médecine traditionnelle amazonienne, plus puissant et efficace que l’usage isolé de l’ayahuasca dont elle renforce les effets. Elle consiste en une retraite d’immersion de 7 jours, en isolement, dans la forêt amazonienne, dans une simple cabane (“tambo”) située au sein de notre réserve botanique (une heure à pied du Centre), avec ingestion ritualisée des dites : “plantes maitresses”, un certain régime alimentaire rigoureux et des règles très strictes de conduite corporelle et psychique.
2. Qu'est-ce qui émerge chez le patient pendant la retraite/diète ?
Les contenus abordés spontanément dans la retraite/diète, contiennent des thématiques qui incluent des évènements et des aspects d'importance vitale pour chaque personne, liés fortement à des blocages intimes, des souffrances profondes, des traumatismes anciens. Il se crée un espace de connexion avec la nature et avec soi-même, permettant une profonde dépuration physique et énergétique. Cette technique permet l’élimination de substances toxiques provenant de la mauvaise alimentation, l’ingestion de drogues et de médicaments, la contamination environnementale, et qui bloquent la sensibilité. Elle effectue également un « lustrage » du corps énergétique. Ce déblocage psycho-émotionnel permet de fortifier le corps, amplifier les perceptions, se reconnecter avec des émotions réprimées, faciliter l’introspection, clarifier le mental et découvrir la dimension du sacré. La production onirique est stimulée et permet l’apparition de rêves puissants, signifiants, qui suscitent l’émergence à la conscience d’éléments enfouis du psychisme et de mémoires oubliées qui vont alors guider le diéteur dans sa quête personnelle. Enfin, la diète constitue un espace d’enseignement, la dimension rituelle permettant d’établir un lien avec le monde spirituel. Cet enseignement surgit spontanément au travers de prises de conscience, d’insights, de rêves éveillés ou nocturnes, de la découverte d’évidences qui se font jour, de révélations intérieures ou lors d’états modifiés de conscience.
3. Quelles sont les conditions de la post-diète et pourquoi sont-elles nécessaires ?
Une fois la diète terminée, la personne est très ouverte et sensible d'un point de vue énergétique. Le travail énergétique d'intégration du processus avec les plantes est délicat, profond et nécessite une lente métabolisation. Cela dure jusqu'à ce que les plantes prises soient bien assimilées. Pour cette raison, l'abstinence de toute nourriture sucrée est demandée pendant deux semaines. Il est également nécessaire de s'abstenir de rapports sexuels, de ne pas manger de piment et de porc, de consommer de l'alcool et de respirer des odeurs fortes jusqu'à un mois après la fin de la diète.
Pendant les deux premières semaines après avoir terminé la diète, il est particulièrement recommandé : de rechercher un environnement de tranquillité, de paix et de nature ; d’éviter les environnements lourds, avec beaucoup de fumée ou de bruit ; de ne pas fumer de tabac et encore moins de marijuana ; d’éviter les surcharges d'odeurs ou de parfums ; en cas de problèmes de santé, évitez les médicaments et utilisez des méthodes naturelles ou des remèdes (homéopathie, plantes, salles de bains, etc.). Ne pas respecter ces règles de base peut causer des troubles graves appelés “cruzadera”.
4. Comment se préparer pour faire une diète à Takiwasi ?
La prise de plantes nécessite de bonnes conditions physiques évaluées médicalement. Pour se préparer, il est conseillé de consommer peu de viande rouge et d'alcool une semaine avant la retraite/diète. Le porc et ses dérivés doivent être totalement supprimés, ainsi que la prise de médicaments allopathiques (pharmaceutiques). L'abstinence sexuelle (rapports sexuels et masturbation) est également demandée dès le début de la prise de plantes, ainsi que dans le mois qui suit la diète. La consommation d'alcool et de marijuana est interdite pendant le séjour à Takiwasi (avant, pendant et après la diète), car ils sont contre-indiqués dans le travail avec les plantes. Il est nécessaire d'apporter des vêtements légers, une serviette, des chemises à manches longues, un maillot de bain, des chaussures légères (sandales). Prévoir une paire de chaussures de marche (baskets, par exemple), un sweat, des vêtements un peu plus chauds pour la retraite/diète.
5. Qu´est-ce qu´une plante de diète ?
Les plantes de diète sont aussi appelées "plantes maîtresses". Sous ce nom, on fait référence à une grande variété d'espèces végétales qui ont été utilisées par l'homme depuis l'antiquité dans les rituels religieux, pour l'auto-exploration et pour l'acquisition de connaissances. Ces usages définis par l'homme sont associés en général aux propriétés psychoactives de ces plantes et à leur capacité à modifier l'état de conscience ordinaire. Le choix de la plante se réalise en fonction des nécessités psychologiques du patient et des caractéristiques de la plante. Grâce aux qualités d´enseignement de la plante, le contenu des rêves et des visions durant la diète donne des indications non seulement pour le patient mais aussi de caractère général. Les guérisseurs qui utilisent ces plantes savent quels effets espérer de chacune aux niveaux physiques et psychiques et notre observation a confirmé la certitude de leurs appréciations. Par exemple, des personnes comprennent ce qu'elles doivent faire pour améliorer leur vie quotidienne et d'autres reçoivent des indications sur la façon de guérir certaines maladies, que ce soit pour elles-mêmes ou pour d'autres, au point que beaucoup de guérisseurs ont été initiés au cours d'une diète, alors qu'ils étaient en train de se guérir.
6. Que peut-on emporter ou non ?
Il n’est pas possible d’emporter pour la retraite/diète des produits de beauté et de toilette y compris les produits naturels (pas de : crèmes, savon, parfums, dentifrice, shampoing, huiles essentielles, désodorisant, anti-moustiques, etc..) parce-que la moindre odeur peut affecter sérieusement le travail énergétique. Cela exclue aussi tout produit comme : la peinture à l’huile, le vernis à ongles, les bougies, l’encens, etc. Vous disposerez d’un savon sans odeur du laboratoire de Takiwasi et de l’eau minérale. Le silence est la condition d’une attitude de concentration. Nous demandons donc de ne pas emporter : appareil de musique, radio, téléphone, tablette, ordinateur. Se libérer temporairement des référents culturels en laissant de côté également : montre, argent, documents personnels. Les aliments spécifiques de la diète sont fournis, il ne faut donc emporter aucune denrée alimentaire ni boisson (sauf eau minérale). Il est recommandé d’emporter : des vêtements en coton (pas de vêtements synthétiques), des vêtements de rechange, une serviette de toilette, un vêtement de pluie, un vêtement chaud (on peut en effet avoir froid), une couverture supplémentaire ou un sac de couchage pour les frileux, une lampe de poche avec des piles de rechange (lampe frontale pour lire), un cahier pour prendre des notes ou dessiner. Des serviettes hygiéniques ou des tampons pour les femmes, même hors de période menstruelle, les plantes pouvant déclencher les règles. Une paire de bottes est souhaitable, surtout pendant la saison des pluies : Takiwasi peut en prêter et si vous n’en trouvez pas à votre taille, vous aurez la possibilité d’en acheter au marché.
7. Est-ce que les femmes ayant leurs règles peuvent participer au retraite/diète ?
La charge énergétique des femmes en cours de menstruation n'est pas compatible avec les énergies mobilisées pendant les sessions d'ayahuasca, donc si elles sont en cours de menstruation, elles ne pourront pas participer à la session d'ayahuasca qui précède la retraite/diète. Cette précaution thérapeutique n'a pas de caractère moral, elle vient du fait que la menstruation perturbe fortement le processus de purification. Nous vous demandons de prendre cela en considération lors du choix de la date afin de profiter pleinement de votre expérience à Takiwasi. Aucune exception ne peut être faite à cet égard. Cependant, la période menstruelle n'affecte pas la participation à la prise de plantes purgatives et au processus de retraite-diète en lui-même.
8. Pourquoi l’abstinence sexuelle est-elle exigée comme une condition de la post-diète ?
Le travail avec les plantes agit sur le corps physique mais aussi sur le corps énergétique matérialisé. L’activité sexuelle, qui mobilise puissamment ce système, interfère avec les effets des plantes et peut même arriver à les inverser. C’est ce que la médecine amazonienne appelle « cruzadera », c'est-à-dire des perturbations énergétiques qui peuvent se manifester au niveau physique (mal-être, vomissements, diarrhée, maux de tête, ivresse, tachycardie) et psychologiques (cauchemars, angoisses, crises de panique, impulsions négatives jusqu’à la sensation de folie, idées et comportements délirants). L’abstinence sexuelle durant un traitement avec des plantes fortes est une règle d’or dans toute la médecine traditionnelle.
9. Y a-t-il des personnes pour lesquelles la consommation d’ayahuasca est déconseillée ?
L’utilisation de l’ayahuasca est à éviter en cas de processus psychiques dissociatifs où se manifestent des éléments délirants (psychose). De même, les cas border-line devront être évalués au cas par cas afin d’analyser la capacité d’intégration de l’expérience symbolique par la personne, sa motivation, l’environnement familial, etc.
Pour leur part, les contre-indications physiques sont relativement peu nombreuses en ce qui concerne les problèmes organiques où, par précaution, sont exclues les personnes qui présentent de graves déficiences métaboliques (diabète, urémie, par exemple) ou fonctionnelles (insuffisance cardiaque par exemple) ou encore des pathologies dégénératives avancées (Parkinson, Sclérose en plaques, SLA, etc.). De même, la prise d’ayahuasca sera-t-elle écartée chez les personnes montrant des lésions digestives qui pourraient dégénérer en hémorragies à cause d’efforts de vomissement (ulcère stomacal, varices ou fissure œsophagiennes).
Sont également exclues les femmes enceintes, surtout pour les risques d’avortement au cours des trois premiers mois que pourraient provoquer les efforts éventuels pour vomir. Il faut signaler que, dans la tradition indigène, la grossesse ne représente aucune contre-indication et l’ingestion d’ayahuasca devient même recommandée pour donner plus de « force » au fœtus. Les guérisseurs indigènes évitent cependant d’accueillir en session collective des femmes enceintes dont la puissante énergie est selon eux susceptible de perturber les autres participants.
D’autres raisons « énergétiques » sont invoquées en ce qui concerne les femmes en période menstruelle. Produit d’un nettoyage non seulement physique (utérus) mais aussi énergétique (sanguin), les règles sont considérées comme potentiellement très perturbatrices et dangereuses lors du déroulement d’une session (induction de « bad trip »).
Enfin, on suppose un risque possible de choc sérotoninergique lié à l’utilisation des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ou SSRIS (Callaway & Grob, 1998). Par prudence et dans la mesure du possible, le protocole thérapeutique engagé à Takiwasi demande l’arrêt de ces antidépresseurs trois mois avant le début de la prise d’ayahuasca.
Takiwasi décide de la participation ou pas d’une personne à la suite de l’analyse de son dossier (lettre de motivation, fiche clinique), d’une entrevue avec un membre de l’équipe thérapeutique et si nécessaire une consultation médicale par un médecin de l’équipe et la demande d’examens complémentaires de laboratoire. La purge préalable permet également de détecter des blocages psychiques ou énergétiques trop important qui feront écarter le candidat ou lui proposer un autre protocole.
1. Qu'entend-on par spiritualité à Takiwasi ?
Le concept de spiritualité à Takiwasi est compris comme une exploration des liens de l'être humain avec le monde invisible, à la fois interne (inconscient) et externe (énergies de la nature et de la vie). Cela conduit à explorer, dans des états modifiés de conscience induits et contrôlés, les souvenirs inscrites dans le corps du patient qui lui permettent d'accéder à des expériences sémantiques, porteuses de sens pour sa vie. Dans ces EMC vous pouvez expérimenter des expériences-limites (peak experience) de mort-renaissance, de résurgence de souvenirs profonds et même transgénérationnels, de connexion avec la nature, de découverte d'une dimension transcendante dans la vie humaine, qui guérissent fortement.
2. Takiwasi est-il un centre confessionnel ou lié à une religion ?
Takiwasi est une association non lucrative, apolitique, non confessionnelle, dans laquelle les personnes sont toujours acceptées quelle soient ou non adeptes d’une religion et quelle que soit cette dernière le cas échéant. Ce n'est pas un critère pour choisir les patients ou les visiteurs. Cependant, la plupart des personnes qui travaillent à Takiwasi sont catholiques. A Takiwasi, il y a une chapelle consacrée et un père catholique dévoué qui est responsable de l'accompagnement spirituel des patients et des autres personnes qui le souhaitent. Les activités spirituelles ou religieuses qui se déroulent dans l'institution ne sont jamais obligatoires, chaque patient étant libre de participer ou non, selon sa foi, sa croyance ou sa philosophie de vie.
3. Faut-il être chrétien pour être admis à Takiwasi ou participer à un séminaire ?
La réponse est non, bien évidement. Takiwasi est un centre laïque, c´est-à-dire que la liberté de croyance et de culte y est totale. Ainsi notre équipe thérapeutique comprend-elle aussi bien des personnes pratiquant un culte religieux précis que des agnostiques. Cependant la spiritualité joue bel et bien un rôle central au sein de Takiwasi, et la dimension spirituelle est au cœur du traitement parce que traditionnellement elle est au cœur des pratiques médicales chamaniques d´Amazonie. On assiste ainsi très généralement à un réveil de la spiritualité au cours du traitement ou des séminaires. Mais il renvoie d´abord aux racines du patient, que celles-ci soient animistes, chrétiennes, musulmanes, juives, ou autres. En fait, l’une des principales réussites dans le travail d´évolution personnelle des patients traités est de redécouvrir le transcendant à un moment de son séjour.
4. Pourquoi la prière joue-t-elle un rôle important au sein du centre ?
La prière est une pratique qui tend à permettre d’entrer en communication avec la divinité pour demander, remercier ou simplement réaffirmer sa foi. De nos jours, elle est presque tombée en désuétude, étant réservée aux cultes religieux et confessionnels et généralement elle ne jaillit spontanément que dans le cas de grand danger ou d´angoisse. Nous oublions qu´elle était aussi dans les temps passés une arme thérapeutique pour le corps et l´âme. De même les guérisseurs locaux utilisent-ils habituellement la prière dans leurs cérémonies, sous formes d´invocations ou d´appels aux entités de leur panthéon. Pour répondre à la sollicitude des patients eux-mêmes et après avoir vaincu quelques résistances, nous avons considéré comme approprié le fait d´utiliser la prière comme instrument de guérison, de rééquilibre énergétique et de communication avec le monde transcendant. On l´utilise de manière individuelle ou collective dans les sessions rituelles ou en dehors d´elles, mais dans tous les cas sans forcer ni aller contre les croyances des personnes.
5. Je ne peux pas venir au Pérou, que recommandez-vous de faire pour m'aider dans ma recherche personnelle ou spirituelle ?
Il existe plusieurs techniques ou méthodes qui permettent également une recherche spirituelle ou personnelle. Les séances de méditation bouddhiste Vipassana sont excellentes. On trouve des centres qui la pratique tout autour du monde. Au niveau catholique, les retraites avec les exercices spirituels de San Ignacio de Loyola fonctionnent également très bien. D'autres possibilités sont la renaissance ou les constellations familiales, la déprogrammation des émotions par les mouvements oculaires, etc
6. Il existe aujourd’hui de nombreuses techniques de canalisation d'énergie (Reiki, channeling, psychophonie, spiritualisme, occultisme, écriture automatique, etc.). Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Notre opinion est que toutes les techniques qui utilisent le contact avec les mondes spirituels sans savoir quel type d'énergie est contacté, sont dangereuses. Le monde des énergies n'est pas tout blanc. Il y a aussi des entités noires et destructrices qui profitent de toutes ces techniques pour perturber les personnes qui étaient dans une recherche sincère. Le Reiki en particulier nous apparait, au travers de notre expérience thérapeutique, comme étant l'une des plus grandes et constantes sources d'infestation spirituelle. C'est un danger spirituel largement ignoré et sous-estimé et il semble de ce fait utile de transmettre notre expérience par rapport à cette question et à notre réflexion sur ce phénomène social, afin de prévenir son utilisation.
Voir l'article Le Reiki ou l’arnaque spirituelle.